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roi amateur comme il est des talents, n’a fait que sacrifier, pour ainsi dire, à ceux de M. de Voltaire dans ces sortes de lettres, ayant toujours été obligé, quoique à regret, mais forcé par les fréquents écarts de M. de Voltaire, de distinguer son cœur de son esprit. S’il fait parade des lettres écrites à son esprit, vous montrerez celle-ci que le roi écrivait à son cœur. On pourra vous en envoyer quelque autre dans ce goût-là.


2545. — À M. LE BARON DE SCHONAICH[1].
Leipsick, 18 avril 1753.

Pardonnez, monsieur, à un pauvre malade qui ne peut guère écrire, si je ne vous dis qu’en deux mots à quel point vous avez gagné mon estime. Pardonnez à un Français et à un homme de lettres, si j’en use avec si peu de cérémonie. Mais je ne me pardonnerai jamais d’ignorer une langue que les Gottsched, et vous, rendez nécessaire à tous les amateurs de la littérature.

Ich bihn umstand sein geborsamer diener[2].


Voltaire.

2546. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[3].
18 avril.

Je présente mes respects à M. le chevalier de La Touche, et lui demande pardon de lui envoyer un si gros paquet par la poste ; mais il ne coûtera pas plus qu’une lettre de France. Je pars de Leipsick dans ce moment, et je serai à ses ordres toute ma vie.


2547. — À M. GOTTSCHED[4].
Ce 19 d’avril 1753.

Je vous supplie, monsieur, d’ajouter à toutes vos bontés celle d’empêcher absolument Bretkof[5] d’envoyer à Berlin des Akakia avant la foire ; ils y seraient infailliblement saisis. Vous savez d’ailleurs l’aventure de Milius[6].

  1. Christophe-Otto de Schonaich, auteur du poëme à’Arminius (voyez lettre 2540), né le 12 juin 1725, est mort en 1807.
  2. « Je suis votre obéissant serviteur. »
  3. Éditeur, Th. Foisset.
  4. Éditeur, H. Beaune.
  5. Le libraire Breitkopf, de Leipsick. Il existe encore dans cette ville une librairie de ce nom (Breitkopf et Härtel).
  6. Milius, l’ami de Lessing.