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quelles on est attaché, et d’obéir à leurs ordres. Je n’en peux plus ; mais j’écris à la personne que vous voulez que je sollicite[1]. Vous n’êtes pas dans le cas d’avoir besoin de sollicitations ; on devrait vous prier : c’est ainsi que je pense, et c’est ce que je dirais tout haut si j’étais à Paris. Mme Denis, qui se porte mieux que moi et qui peut écrire, vous en dira davantage ; elle s’est faite garde-malade. Nous attendons tous deux avec impatience le succès qui vous est dû. À vous pour jamais. V.


2776. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
À Colmar, 30 juillet 1754.

Madame, en arrivant à Colmar j’ai trouvé deux choses charmantes de Votre Altesse sérénissime, votre lettre du 13 juillet et votre portrait. Je leur ai fait ce que je faisais au bas de votre robe, quand j’avais l’honneur d’être à Gotha. Mais pourquoi, madame, mettre des ornements à des choses qui sont par elles-mêmes si précieuses ? Votre Altesse sérénissime me remplit de confusion comme de reconnaissance ; je devrais venir la remercier sur-le-champ à Gotha ou à Altembourg. Elle sait quel est mon empressement, elle sait que je n’ai point d’autre désir.

Je suis revenu bien malade dans mon petit territoire de Colmar. Cette nièce que vous daignez honorer de vos bontés m’a accompagné et me sert de garde-malade. Elle se met à vos pieds, madame : tout ce qu’elle sait de votre auguste personne redouble encore sa sensibilité et son respect. Savez-vous, madame, qu’on m’écrit de plus d’un endroit pour me parler de la santé de Mme de Buchwald ? On n’ignore pas à quel point je lui suis attaché. Hélas ! madame, ma dernière lettre de Plombière prévenait la vôtre ; je m’attendrissais sur le sort d’une personne si digne de vous. Puissé-je apprendre bientôt son rétablissement !

Ce que Votre Altesse sérénissime me dit d’une certaine personne[3] qui se sert du mot de rappeler ne me convient guère ; ce n’est qu’auprès de vous, madame, que je puis jamais être appelé par mon cœur. Il est vrai que c’est là ce qui m’avait conduit auprès de la personne en question. Je lui ai sacrifié mon temps et ma fortune ; je lui ai servi de maître pendant trois ans ; je lui

  1. L’abbé d’Olivet ; voyez la lettre précédante
  2. Éditeurs, Bavoux et François. — Publiée en partie dans Voltaire et Rousseau, par Henry lord Brougham. Paris, Amyot, 1845.
  3. Frédéric II.