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2574. — À M. COLINI.
À Senones, le 23 juin.

Je n’ai point encore le paquet de lettres envoyé à Plombières. Je prie M. Colini de m’écrire à Senones, Je suppose qu’il a demandé à M. Turckeim de recevoir un paquet que les banquiers Bauer et Meville doivent avoir reçu pour moi.

Il est bien triste que je ne puisse corriger la Préface, qui court les champs ; il n’y a qu’à attendre. A-t-on corrigé à la main les deux fautes essentielles qui sont dans le corps du livre ? Comment va la copie du manuscrit ?

J’espère que M. Colini aura l’attention de m’écrire à Senones. Les lettres me seront renvoyées à Plombières très-fidèlement, sitôt que ma santé me permettra de m’y transporter. Mes compliments à tous ceux qui m’ont marqué de la bonté. V.


2755. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Senones, le 24 juin.

Ô adorables anges, je compte être incessamment dans votre ciel, c’est-à-dire dans votre grenier. Je n’ai reçu qu’aujourd’hui vos lettres du 9 et du 16. Comment m’accusez-vous de n’avoir point écrit à Mme d’Argental ? Je vous écris toujours, madame, vous êtes consubstantiels. Je ne vous ai point écrit nommément et privativement, parce que moi, pauvre moine, je comptais venir, il y a quinze jours, réellement, dans votre vilain paradis de Plombières, où est mon âme, du jour que vous y êtes arrivés. Daignez donc me conserver cet heureux trou que vous avez bien voulu me retenir. J’arriverai peut-être avant ma lettre, peut-être après ; mais il est très-sûr que j’arriverai, tout malingre que je suis. Ma santé est au bout de vos ailes. Je veux me flatter que la vôtre va bien, puisque vous ne m’en parlez pas. Divins anges, je ne connais qu’un malheur, c’est d’avoir été si longtemps à quinze lieues de votre empyrée, et de ne m’être point jeté dedans. Voilà qui est bien plaisant d’être en couvent, et de dire Benedicite, au lieu d’être avec vous. Je m’occupe avec dom Mabillon, dom Martène, dom Thuillier, dom Ruinart. Les antiquailles où je suis condamné, et les Capitulaires de Charlemagne, sont bien respectables ; mais cela ne console pas de votre absence. Je vais donc fermer mon cahier de remarques sur la seconde race, faire mon