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Songes peuvent aller de pair avec les Lettres du même auteur, où il nous parle de la ville latine, des terres australes, etc. Le style en est extrêmement confus ; aussi les éditeurs n’ont pu s’empêcher de dire dans leur préface que l’auteur avait promis un dernier songe pour expliquer les autres.

Conservez-moi votre souvenir, et soyez persuadé, mon cher ami, de ma parfaite et sincère amitié.


Frédéric.

P. S. Les cérémonies m’ennuient ; aussi voyez-vous bien que je n’en fais pas à la fin de ma lettre. Mon père et la princesse vous font leurs compliments. Quel ne serait pas le plaisir que je ressentirais de vous voir en Allemagne !


2739. — À M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.
À Colmar, le 12 mai.

Mes doigts enflés, monsieur, me refusent le plaisir de vous écrire de ma main. Je vous traite comme une cinquantaine d’empereurs, car j’ai dicté toute cette histoire. Mais j’ai bien plus de satisfaction à dicter ici les sentiments qui m’attachent à vous.

Je vous jure que vous me faites trop d’honneur de penser que vous trouverez dans ces Annales l’examen du droit public de l’empire. Une partie de ce droit public consiste dans la bulle d’Or, dans la paix de Westphalie, dans les capitulaires des empereurs ; c’est ce qui se trouve imprimé partout, et qui ne pouvait être l’objet d’un abrégé. L’autre partie du droit public consiste dans les prétentions de tant de princes à la charge les uns des autres ; dans celles des empereurs sur Rome, et des papes sur l’empire ; dans les droits de l’empire sur l’Italie ; et c’est ce que je crois avoir assez indiqué en réduisant tous ces droits douteux à celui du plus fort, que le temps seul rend légitime. Il n’y en a guère d’autres dans le monde.

Si vous daignez jeter les yeux sur les Doutes qui se trouvent à la fin du second tome[1], et qui pourraient être en beaucoup plus grand nombre, vous jugerez si l’original des donations de Pépin et de Charlemagne ne se trouve pas au dos de la donation de Constantin. Le Diurnal romain des viie et viiie siècles est un monument de l’histoire bien curieux, et qui fait voir évidemment ce qu’étaient les papes dans ce temps-là. On a eu grand soin, au Vatican, d’empêcher que le reste de ce Diurnal ne fût imprimé. La cour de Rome fait comme les grandes maisons, qui cachent,

  1. Voyez tome XXIV, page 35.