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CORRESPONDANCE.

2712. — À M. DUPONT,
avocat.

Mon Dieu ! je sais bien que le saint concile de Trente a raison ; mais il n’a pas daigné dire en quel temps on a commencé à juger les causes matrimoniales au tribunal de l’Église : n’est-ce point du temps de la publication des fausses décrétales ?

L’affaire de Teulberge[1] n’est-elle pas le premier exemple connu ?

Quand commença celle jurisprudence ? Quand a-t-on employé, pour la première fois, le terme de sacrement, qui n’est pas dans l’Écriture ? Quand mit-on le mariage au rang des sacrements ? Cela doit se trouver dans Thomassin.

Il est bien cruel de manquer de livres ; mais vous m’en tenez lieu.

2713. — À M.***[2].
12 mars 1754.

J’ai eu 4,250 livres de rentes pour patrimoine[3] ; mes partages chez mes notaires en font foi.

Le fonds de presque tout ce patrimoine a été assuré à mes nièces par leurs mariages.

Tout ce que j’ai eu depuis est le fruit de mes soins. J’ai réussi dans les choses qui dépendaient de moi, dans l’accroissement nécessaire de ma fortune[4] et dans quelques ouvrages. Ce qui

  1. Voyez tome XI, page 324 ; et XIII, 252.
  2. J’ai copié cette note ou lettre sur l’original, écrit en entier de la main de Voltaire : je ne sais à qui elle est adressée ; mais, note ou lettre, ce morceau m’a paru appartenir à la Correspondance. (B.)
  3. On voit que Longchamp s’est trompé en portant à huit mille livres de rente le patrimoine de Voltaire ; Wagnière s’approchait de la vérité en disant cinq mille.
  4. Ninon lui avait légué, en 1705, une somme de 2,000 francs ; le duc d’Orléans lui donna, en 1719, une pension de 2,000 fr. ; la reine, en 1725, une autre pension de {1,500 fr., qui ne fut pas régulièrement payée. Les souscriptions de la Henriade, en 1726, lui procurèrent une somme considérable (on la porte à 150,000 fr.). Deux ans après il hérita de son père. Il raconte lui-même, dans son Commentaire historique, qu’il s’associa pour une opération de finances, et qu’il fut heureux. Les frères Pâris lui avaient accordé un intérêt dans la fourniture des vivres de l’armée d’Italie en 1734 ; pour le solde de cet intérêt il reçut 600,000 fr., qu’il plaça à Cadix sur des armatures et cargaisons, et qui lui rapportèrent 32 à 33 pour cent. Il n’y éprouva qu’une seule perte de 80,000 fr. Demoulin lui emporta, en 1739, environ 25,000 fr. ; en 1741, il perdit chez Michel une assez bonne partie de son bien. Plus tard, il se trouva pour 60,900 fr. dans la banqueroute de Bernard de Coubert, fils de Samuel Bernard. Mais il avait beaucoup d’ordre ; d’autres