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tueux sentiments. Adieu, généreux Alcibiade. Vous lisez dans mon cœur : il est à vous[1].


2536. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[2].
Potsdam, 23 (mars).

Je suis pénétré de vos bontés, monsieur, et je voudrais bien que ma mauvaise santé me permît de venir vous en remercier. Mme  Denis vous fait les plus sincères compliments. M. le comte d’Argenson, qui n’écrit guère, m’écrit une lettre charmante dans laquelle il suppose que j’ai souvent l’honneur de vous voir : il me croit plus heureux que je ne suis.

Je crois avoir trouvé une occasion de faire partir mon ballot. Ainsi je vous supplie de vouloir bien le donner au domestique qui vous apportera cette lettre.

Si mon occasion manque, alors j’aurai recours à vos bontés ; on ne peut être plus sensible que je le suis à la bienveillance dont vous m’honorez. Je vous prie de compter sur le véritable et sincère dévouement de votre très-humble et très-obéissant serviteur. V.


2537. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[3].
Potsdam, 25 (mars).

Je suis destiné, monsieur, à faire tout le contraire de ce que je voudrais. Je pars sans vous faire ma cour. Pénétré des bontés et des bienfaits du roi, et affligé de ne pas prendre congé de vous dans votre maison, permettez-moi de faire mes compliments à ceux qui ont le bonheur d’y être. Oserais-je vous prier, monsieur, de vouloir bien me mettre aux pieds des reines[4], de Mme  la

  1. Cette lettre a été envoyée par la poste, et le roi de Prusse, tout philosophe qu’il était, avait conservé dans ses États l’usage infâme d’ouvrir les lettres. (K.) — Les éditeurs de Kehl veulent faire entendre par cette note que Voltaire a employé ce ton d’éloge ironique, dans la crainte que la lettre qu’il écrivait ne tombât sous les yeux de Frédéric.
  2. Éditeur, Th. Foisset.
  3. Éditeur, Th. Foisset.
  4. La reine-mère, Sophie-Dorothée de Hanovre, sœur de Georges II, roi d’Angleterre, et la reine régnante. Elisabeth de Brunswick. Frédéric, qui était l’idole de sa mère, ne s’asseyait jamais en sa présence. Mais, écrivait le chevalier de La Touche, l’univers est instruit de son mépris pour la reine, son épouse, qu’il laisse manquer presque du nécessaire. (Th. F.)