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tion, seulement pour venir passer quinze jours avec lui. Or tout cela est incompatible avec son rang et encore plus avec son caractère. Il faut donc que je me borne à l’adoucir ; et il ne me faut assurément, madame, d’autre cour que la votre. La négociation réussira sûrement si elle se borne à persuader le roi de Prusse de mon respect et à lui inspirer de la modération. Ce sera beaucoup ; ce sera une nouvelle obligation que je vous aurai, madame. Je sens un plaisir infini à vous devoir tout.

Voici l’imprimé que Votre Altesse sérénissime a demandé, avec un manuscrit qui a paru assez plaisant.

Je me mets à vos pieds et à ceux de votre auguste famille.


2652. — À M. DUPONT,
avocat.
Strasbourg, le 1er octobre.

Je compte, monsieur, partir demain mardi pour arranger quelques affaires avec les administrateurs des domaines de monseigneur le duc de Wurtemberg. Il me sera sans doute beaucoup plus agréable de vous voir à Colmar que les fermiers des vignes de Riquewihr, quelque bon que soit leur vin. Je vous écris d’avance pour vous faire mes remerciements, monsieur, de toutes vos attentions obligeantes. Si je cause le plus léger embarras à Mme  Goll, j’irai descendre au cabarets[1]. Au reste, j’espère que ma mauvaise santé ne retardera pas ce petit voyage, qu’elle m’a fait différer jusqu’à présent. On ne peut être plus pénétré que je le suis de vos bons offices, et plus ennemi des cérémonies et des formules.


2653. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Auprès de Colmar, 3 octobre.

Mon cher ange, si Mme  la maréchale de Duras, qui a l’air si résolue, avait fait comme Mme  de Montaigu[2] et comme la feue

  1. Voltaire, arrivé à Colmar le 4 ou le 5 d’octobre 1753, descendit d’abord à l’auberge du Sauvage, détruite depuis plusieurs années, et sur l’emplacement de laquelle on a bâti un hôtel, séparé seulement du palais où siège aujourd’hui (1829) la cour royale par une très-petite promenade. Après y être resté quelques jours, il alla demeurer, rue des Juifs, chez M. Goll. (Cl.)
  2. Lady Montagne. Son fils était le premier Anglais sur lequel on eut essaye l’inoculation.