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peine. Cela n’est-il pas intitulé Commercium epistolicum ? Je ne crois pas qu’il y ait eu de sentence criminelle.


Du 4 mars, au soir.

L’Académie des sciences de Paris a jugé d’une voix unanime contre Maupertuis, sur le rapport de M. d’Arcy, qui a démontré que sa prétendue découverte n’est qu’une pétition de principe[1].

M. Wolff avait déjà jugé la même chose, la Société royale de Londres pense de même, et à l’égard des procédés toute l’Europe est d’accord.


2528. — À M. KŒNIG[2].
12 mars.

Vous avez donc reçu, monsieur, mon paquet du mois de janvier, le 2 mars, et moi j’ai reçu, le 11 mars, votre lettre du 2.

Je vous écris naturellement par la poste, n’écrivant rien que je ne pense, et ne pensant rien que je n’avoue à la face du public.

On se presse trop en Allemagne et en Angleterre de donner des recueils de vos campagnes contre Maupertuis. Votre victoire n’a pas besoin de tant de Te Deum ; et, puisque vous voulez bien que je vous dise mon avis, je trouve fort mauvais que les goujats de votre armée s’avisent de joindre aux pièces du procès, dans le recueil de Londres[3], les Éloges de La Mettrie et de Jordan. Les Anglais se soucient fort peu de ces deux hommes, qui n’ont rien de commun avec votre affaire. De plus, pourquoi se plaindre qu’on ait suivi, en faveur de ces académiciens, la coutume de

  1. On a retrouvé dans les papiers du chevalier de La Touche la note suivante, attribuée à Voltaire et destinée à être mise en circulation ou communiquée à quelques journaux : « Le mercredi 7 février 1753, M. le chevalier d’Arcy, de l’Académie des sciences de Paris, chargé de rendre compte à l’Académie du fonds du procès de MM. Kœnig et Maupertuis, démontra que les propositions de M. Maupertuis étaient des pétitions de principe et des paralogismes. Toute l’Académie, ayant examiné mûrement le mémoire de M. le chevalier d’Arcy, fut unanimement de son opinion, et M. de Réaumur, l’un des commissaires, écrivit au nom de l’Académie ces propres paroles à M. Kœnig le 11 février suivant : « La vérité et la candeur ont un triomphe complet sur les sophismes par lesquels on a prétendu se placer au-dessus des plus grands hommes, et surtout des petites adresses méprisables par lesquelles on a cherché à en imposer. » (Lettres et billets de Voltaire… en 1753 ; Paris, par la Société des bibliophiles, 1867.)
  2. Voyez la note 4, tome XXIII, page 560.
  3. Le recueil intitulé Maupertuisiana, Hambourg, 1753, contient, outre des pièces relatives à la querelle de Kœnig avec Maupertuis, les Éloges de trois philosophes (Jordan, La Mettrie, et Maupertuis), par Frédéric.