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manuscrit de Rome sauvée. Le sujet au moins sera plus digne d’un héros éloquent.


2040. — À M. DE MAIRAN[1].
Paris, 3 décembre 1749.

Pour m’y être pris une heure trop tard, je suis puni, et je le mérite bien ; mais enfin, monsieur, vous ne me punirez pas tout à fait, et j’aurai le bonheur de vous posséder après votre dîner. J’ai appris une bonne nouvelle : c’est que vous souper quelquefois ; cela est bon à savoir. Nous vous ferons notre cour, Mme  Denis et moi, pour vous faire souper[2], et je dirai :


Cœnæ sine aulæis et ostro
Sollicitam explicuere frontem.

J’ai lu votre Glace[3] Vous vous moquez du monde ; votre Glace est un prétexte. Cela est plein de recherches profondes de physique et tient à tout. Je m’instruis toujours dans vos ouvrages. Mais il faudra que je vous relise avec plus d’attention, car à présent il s’agit de faire parler Marc-Tulle Cicéron[4] ; après quoi je reviendrai à vous.

On ne peut ni plus estimer ce que vous faites, ni plus respecter votre personne ; je défie tous vos amis d’être plus vos partisans que V.


2041. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Décembre[5].

Dans votre prose délicate
Vous avancez très-poliment
Que je ne suis qu’un automate,
Un stoïque sans sentiment ;
Mes larmes coulent pour Électre,
Je suis sensible à l’amitié ;
Mais le plus héroïque spectre
Ne m’inspire que la pitié.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Rue Traversière.
  3. Dissertation sur la glace, récemment publiée. (A. F.)
  4. Dans Rome sauvée.
  5. Cette lettre, répondant à celle du 17 novembre, ne peut être du mois d’avril, date qu’elle a dans l’édition de Kehl. (Cl.)