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2517. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[1].

La fièvre, monsieur, m’a empêché de vous faire ma cour. Je ne doute pas qu’on ne dise à Potsdam que cette fièvre est de commande ; il faudra que je meure pour me justifier. J’aimerais mieux avoir l’honneur de vivre avec vous. Je ne désespère pas de venir quelqu’un de ces jours assister à votre souper en bonne fortune, quand vous serez las des grands festins qui sont un fardeau attaché à votre dignité. Je vous supplie de m’honorer toujours de vos bontés, dont je suis pénétré avec la plus respectueuse reconnaissance.


2518. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.

Cher frère, je vous renvoie Locke. Maupertuis, dans ses belles Lettres, a beau dire du mal de ce grand homme, son nom sera aussi cher à tous les philosophes que celui de Maupertuis excitera de haine. Kœnig vient de lui donner le dernier coup[2], en lui démontrant qu’il est un plagiaire. On a imprimé à Leipsick une histoire complète de toute cette étrange aventure, qui ne fait pas d’honneur à ce pays-ci. Soyez très-sûr que toute l’Europe littéraire est déchaînée contre lui, et qu’excepté Euler et Mérian, qui sont malheureusement parties dans ce procès, tout le reste des académiciens lève les épaules.

Je suis dans mon lit malade, malgré le quinquina du roi. Vous devriez bien venir dîner demain comme frère Paul chez Antoine. Ce sera peut-être la dernière fois de ma vie que je vous verrai. Donnez-moi cette consolation.


2519. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Le 10 février.

J’ai été bien malade, mon cher et respectable ami ; je le suis encore. Le roi de Prusse m’a envoyé de l’extrait de quinquina.


… Tanquam hæc sint nostri medicina doloris,
Aut dous ille malis hominum mitescere discal !

(Virg., ecl. X, V. 60.)
  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Par la publication de l’Appel au public du jugement de l’Académie de Berlin. qui fut suivi d’une Défense de l’Appel au public.