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conditions. Je ne peux sortir, je ne peux que vous renouveler ma respectueuse reconnaissance. V.

On parle de souper ; je ne peux être assez hardi, si vous n’y êtes pour me seconder. Moi, souper !


2497. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
(2 janvier.)

Sire, ce n’est sans doute que dans la crainte de ne pouvoir plus me montrer devant Votre Majesté que j’ai remis à vos pieds des bienfaits qui n’étaient pas les liens dont j’étais attaché à votre personne. Vous devez juger de ma situation affreuse, de celle de toute ma famille. Il ne me reste qu’à m’aller cacher pour jamais, et déplorer mon malheur en silence. M. Fredersdorff[1], qui vient me consoler dans ma disgrâce, m’à fait espérer que Votre Majesté daignerait écouter envers moi la bonté de son caractère, et qu’elle pourrait réparer par sa bienveillance, s’il est possible, l’opprobre dont elle m’a comblé. Il est bien sûr que le malheur de vous avoir déplu n’est pas le moindre que j’éprouve. Mais comment paraître ? Comment vivre ? Je n’en sais rien. Je devrais être mort de douleur. Dans cet état horrible, c’est à votre humanité à avoir pitié de moi. Que voulez-vous que je devienne et que je fasse ? Je n’en sais rien. Je sais seulement que vous m’avez attaché à vous depuis seize années. Ordonnez d’une vie que je vous ai consacrée, et dont vous avez rendu la fin si amère. Vous êtes bon, vous êtes indulgent, je suis le plus malheureux homme qui soit dans vos États ; ordonnez de mon sort.


2498. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[2].
5 janvier.

Je prends la liberté, monsieur, suivant la permission que vous avez bien voulu me donner, de vous envoyer ce paquet pour M. de la Reynière, Je vous supplie de le recommander au courrier, et de lui vouloir bien ordonner de le remettre à la poste en cas qu’il s’arrête plus de deux jours à Cologne. Comme ce paquet ne contient que des affaires de famille pressantes (avec mon testament, qui ne presse pas), il peut sans aucun risque le

  1. Favori et trésorier privé de Frédéric.
  2. Éditeur, Th. Foisset.