devriez, ma foi, me remercier de l’apologie de Bolingbroke[1] car tout ce qui fait rire apaise. Je pourrais tous servir, et cela me serait bien plus agréable que d’écrire sur le Pentateuque. Quand on m’attaque, je me défends comme un diable, je ne cède à personne : mais je suis un bon diable, et je finis par rire. Je suis très-malade, et vous sortez, vous avez été chez le grave président[2]. Venir de chez vous chez moi, bien emmitouflé, n’est pas un voyage aux terres australes. Point de rancune, puisque je n’en ai point. Venez dîner amicalement demain ou après-demain. Je vous enverrai un carrosse ou une chaise ; vous n’aurez point de froid dans la rue, et vous serez chez moi très-chaudement. Il faut que nous causions, et vous trouverez mixtum utile dulci[3].
Ce n’est pas sans raison, monsieur, qu’on m’avait dit que vous êtes le plus généreux de tous les hommes. Je l’éprouve bien dans le malheur horrible que j’éprouve pour une bagatelle. Ce malheur est beaucoup augmenté depuis la visite dont vous m’avez honoré. Oserai-je vous supplier de vouloir bien envoyer demain, avant dîner, votre secrétaire d’ambassade chez un homme que ni sa maladie ni sa situation ne laissent en état de venir vous assurer de son respect et de sa tendre reconnaissance ? V.
Sire, pressé par les larmes et les sollicitations de ma famille, je me vois obligé de mettre à vos pieds mon sort, et les bienfaits,
- ↑ La Défense de milord Bolingbroke ; voyez tome XXIII, page 547.
- ↑ Maupertuis.
- ↑ Horace, Art poét., vers 343.
- ↑ Éditeur, Th. Foisset.
- ↑ Sans doute 28 décembre 1752.
- ↑ Éditeur, Th. Foisset.
- ↑ Colini place la démission de Voltaire dix jours après l’exécution faite sur la diatribe d’Akakia, c’est-à-dire au 3 janvier. Mais une note transcrite ci-après dit positivement que cette démarche eut lieu le 1er de ce mois. Voyez aussi la lettre à Mme Denis du 13 janvier.
