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1996. — DE STANISLAS,
roi de pologne, duc de lorraine et de bar.
À Commercy.

Mme de Boufflers[1], mon cher Voltaire, en partant précipitamment pour aller voir monsieur son père, m’a chargé de vous renvoyer votre livre. Je sacrifie l’empressement que j’ai eu de le parcourir à la nécessité que vous avez de le ravoir, espérant que vous me le communiquerez quand vous pourrez. Vous connaissez comme je suis gourmand de vos ouvrages.

Me voilà seul. Les agréments de Commercy ne remplacent pas le plaisir d’être avec ses amis ; aussi je me prépare a le quitter bientôt. Je voudrais que Mme du Châtelet, que j’embrasse tendrement, employât le temps de l’absence à faire ses couches, et la retrouver sur pied. Je vous embrasse, mon cher Voltaire, de tout mon cœur.

Stanislas, roi.

1997. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Lunéville, le 18 août.

J’ai reçu vos vers très-plaisants[2]
Sur notre triste Académie.
Nos Quarante sont fort savants ;
Des mots ils sentent l’énergie,
Et de prose et de poésie
Ils donnent des prix tous les ans ;
Ils font surtout des compliments ;
Mais aucun n’a votre génie.

Votre Majesté pense bien que j’ai plus d’envie de lui faire ma cour qu’elle n’en a de me souffrir auprès d’elle. Croyez que mon cœur a fait très-souvent le voyage de Berlin, tandis que vous pensiez qu’il était ailleurs. Vous avez excité la crainte, l’admiration, l’intérêt, chez les hommes. Permettez que je vous dise que j’ai toujours pris la liberté de vous aimer. Cela ne se dit guère aux rois, mais j’ai commencé sur ce pied-là avec Votre Majesté, et je finirai de même. J’ai bien de l’impatience

  1. Marie-Françoise-Catherine de Beauvau, née en 1711, mariée en 1735 à Louis-François de Boufflers-Remiencourt, qui fut tué le 2 février 1751 ; morte on 1787. Elle était mère du chevalier de Boufflers, mort en 1816.
  2. Voyez la lettre 1984. La réponse à la lettre ci-dessus est du 4 septembre suivant.