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Nous n’aurions pas trop bonne mine,
Si nous venions là nous asseoir,
Avec nos habits de drap noir,
Près de vos rois fourrés d’hermine.

C’est pour Frédéric et Louis
Qu’Apollon vous prête sa lyre ;
Mais, pour les gens de mon pays,
Stumpf, j’en réponds, peut leur suffire.

Cependant, et n’en doutez pas.
Nous n’en lirons pas moins Alzire,
Charles Douze, Micromégas,
La Ligue, Memnon, et Zaïre.

Moi-même, aux yeux de l’univers
Je voudrais bien oser vous dire
Que c’est à force de vous lire
Que j’appris à faire ces vers.


2480. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Berlin, le 16 décembre.

Vous avez dû recevoir, monseigneur, par M. de La Reynière, une très-grande lettre[1] et un très-énorme paquet. Je ne vous demande point pardon de mes lettres, parce que le cœur les dicte ; mais je vous demande bien sérieusement pardon du paquet. Tout est trop long et trop détaillé : c’est comme si on recueillait tous les bulletins d’une maladie qu’on a eue il y a dix ans. La postérité dédaigne tous les petits faits, et veut voir les grands ressorts. Je suis honteux d’avoir barbouillé plus de papier sur huit ans d’une guerre inutile que sur le siècle de Louis XIV. J’ai noyé la gloire du roi, celle de la nation, et la vôtre, dans des détails que je hais. Avec moins de minuties, il y aurait bien plus de grandeur. Malheur aux gros livres ! je m’occupe à rendre celui-ci plus petit et meilleur.

Après cette petite préface que vous fait votre historiographe, voici une requête de votre historien. On a repris le Duc de Foix ; il ne s’agit plus que de jouer Rome sauvée, suivant l’exemplaire envoyé de Berlin.

« Je supplie monseigneur le maréchal duc de Richelieu, premier gentilhomme de la chambre du roi, de vouloir bien

  1. Celle du 25 novembre. (K.)