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traduire les amours fortunées d’Ovide[1], que les amours malheureux. Si d’ailleurs quelque beauté avait à se plaindre de vous, elle serait discrète, et vous pourriez vous vanter de vos exploits sans lui déplaire. Il y a de très-galants hommes qui ont perdu partie, revanche, et le tout[2], sans en rien dire. Vous n’êtes pas de ces gens-là, et je vous crois très-heureux au jeu.

Pour moi, qui ne joue point, je vous souhaite d’aussi bonnes parties que vous avez fait de bons vers. Goûtez les plaisirs, et chantez-les. J’ai l’honneur d’être, etc.


2476. — À M. DARGET.
À Potsdam, le 4 décembre 1752.

Vous m’allez prendre pour un paresseux, mon cher Darget ; mais je ne suis ni paresseux, ni indifférent. Un malade qui a eu sur les bras deux éditions à corriger est un homme à qui il faut pardonner. Les détails me pilent, disait Montagne[3]. Il est plus agréable d’être à Fontainebleau, à Plaisance[4], à Brunoy, à Versailles. Je me flatte que vous y êtes avec une vessie bien réparée, et que vous êtes en état de faire encore le coquet sans crainte de mauvaise aventure ; Daran et le plaisir ont dû vous guérir. Vous avez bien couru depuis un an, et moi j’ai resté constamment dans ma chambre, dont je ne suis sorti que pour aller chez le roi quand il a plu à Sa Majesté de me mettre du banquet des sept sages. Ce n’est pas que je sois sage ; au moins n’allez pas imaginer cette folie-là. Je n’en ai guère vu encore, et je n’ai pas l’honneur de l’être. Les uns vont faire leurs folies en grande

    date que je donne se trouve à la page 65 du Codicille d’un vieillard, ou Poésies nouvelles d’Augustin Ximenès, Paris, 1792, in-8o. (B.)

  1. Ximenès avait envoyé à Voltaire une traduction en vers de la septième élégie du troisième livre des Amours d’Ovide : At non formosa est, etc. La pièce de Ximenès commençait ainsi :
    Que lui manquait-il donc ? la grâce, la beauté,
    Ou ce je ne sais quoi d’où naît la volupté ?
    Non, etc.
    Il y déplorait son accident avec Mlle Clairon ; voyez la note suivante. (B.)
  2. Voltaire, dans sa lettre à d’Argental, du 29 février 1764, dit que Ximenès, en trois rendez-vous avec Mlle Clairon, perdit partie, revanche, et le tout. C’est Ximenès lui-même qui donne l’indication de la lettre de 1764, comme expliquant celle de décembre 1752. (B.)
  3. Voyez une note de la lettre à d’Argental, du 7 septembre 1761.
  4. Château construit par Pâris-Montmartel.