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des interrogatoires d’un savetier et d’un décrotteur ; je renvoie, sur cet article, au jugement prononcé par les juges[1] qui ont examiné les variations des témoins subornés, et ont jugé en conséquence. Ces détails d’ailleurs allongeraient trop l’article, et seraient indignes du public et de l’ouvrage. Il est question, dans cette dernière partie[2], des gens de lettres célèbres, et non des savetiers célèbres. Enfin lisez-moi, et jugez-moi. Ayez la bonté de me renvoyer le livre, avec votre décision, Vale, et me ama.


2415. — À M. FALKENER[3].
Potsdam, 22 août 1752.

Je ne vous écrirai aujourd’hui ni de ma main, ni en anglais, mon cher et respectable ami ; je suis trop malade pour avoir cette consolation.

J’ai appris qu’un libraire de Londres, nommé Dodsley, avait imprimé par souscription le Siècle de Louis XIV, en deux beaux volumes. Si cela est, il a fait une sottise de ne pas m’en informer. Il devait présumer qu’une première édition n’est jamais qu’un essai, qu’il s’y glisse beaucoup de fautes, et que cette première édition attire à l’auteur beaucoup de critiques, de remarques et d’instructions utiles dont il profite : c’est ce qui m’est arrivé. Des ministres d’État, qui m’avaient impitoyablement refusé leurs lumières lorsque je travaillais autrefois à cet ouvrage, se sont empressés de m’éclairer dès qu’il a paru. Le livre, tout informe qu’il était, a eu tant de vogue, et l’objet en est si intéressant, que chacun a voulu avoir part à sa perfection. Muni de tant de secours, je fais faire une édition nouvelle, dont j’espère vous envoyer un exemplaire avant deux mois.

Je vous supplie de communiquer au libraire Dodsley le mémoire que je vous envoie. Il serait triste qu’il eût déjà commencé son édition. Je vous demande la grâce de m’informer de ce qui en est, le plus tôt que vous pourrez. Je ne me console d’avoir donné l’édition de Berlin que parce qu’elle en procurera une meilleure. Ce n’est pas que je me reproche de m’être trompé sur des vérités importantes : mais je n’en ai pas dit assez, et je vous assure que la seconde fournée sera bien plus curieuse que la première.

  1. Voyez tome XXII, page 345.
  2. Jusqu’en 1768 le Catalogue des écrivains était à la fin du Siècle de Louis XIV.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.