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prie de me le procurer. J’ai reçu un supplément au dictionnaire fait en Angleterre. Selon moi, il répond très-mal à son original.


2387. — À M. FORMEY.

J’avais en effet ouï dire, monsieur, qu’on avait ôté à ce malheureux Fréron son gagne-pain[1]. On m’a dit que ce pauvre diable est chargé de quatre enfants : c’est une chose édifiante pour un homme sorti des jésuites.

Cela me touche le cœur. J’ai écrit en sa faveur à M. le chancelier de France[2], sans vouloir, de la part d’un tel homme, ni prières ni remerciements. Si vous écrivez à M. de Moncrif, je vous prie de lui faire mes compliments.

Je suis très-touché de la mort de Mme  la comtesse de Rupelmonde[3]. Je voudrais bien lui voler encore des pilules ; elle en prenait trop, et moi aussi : je la suivrai bientôt ; tout ceci n’est qu’un songe. Vale. V.

P. S. Le cardinal Querini est un singulier mortel.


2388. — À MADAME DE FONTAINE.
Potsdam, 17 juin.

Vous avez perdu votre fils, et vous perdrez bientôt un oncle qui vous aime autant que votre fils vous aurait aimée. La première perte en est une véritable. Il est bien cruel de voir mourir une partie de soi-même, qu’on a formée, qu’on a élevée, et qui vous est arrachée dans sa fleur. Ma chère nièce, que le fils[4] qui vous reste vous console. Songez à votre santé, que vous ne pouvez conserver qu’avec les attentions les plus scrupuleuses. La faiblesse est votre maladie. Nous sommes, vous et moi, deux roseaux ; mais je suis bientôt un roseau de soixante ans, et vous êtes un roseau jeune. Je n’ai jamais senti si vivement les chagrins de notre séparation qu’aujourd’hui. Je voudrais être auprès de vous pour vous consoler, mais je me trouve malheureusement dans une complication de circonstances qui me retiennent. Une

  1. La lacune dans les Lettres sur quelques écrits de ce temps (par Fréron) est d’avril à octobre 1752.
  2. Lettre perdue.
  3. Voyez la note 2, tome XXXIII, page 68.
  4. Al.-M.-Fr. de Paule de Dompierre d’Hornoy, né le 23 juillet 1742, mort au commencement de 1828. (Cl.)