Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/426

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de voir combien de pauvres diables sont devenus vice-dieu. Te amplector.


2369. — À M. VANNUCCHI[1],
à pise.
Potsdam, le 25 avril.

Dans le temps précisément que l’astre bienfaisant, distributeur du jour, commence à reprendre quelque peu de vigueur, même dans ce climat glacé, je reçois de M. le baron Drummond[2] votre lettre jointe à divers ouvrages philosopbiques et poétiques. J’ai lu avec avidité tant les uns que les autres, et toujours avec le plus grand transport.

Vous écrivez avec une profondeur et une finesse de génie surprenantes. On trouve partout la plus grande clarté, et vos principes sont portés à l’évidence géométrique, qui n’est propre qu’aux grands hommes. Je ne m’arrête point à parler de vos poésies, car en ce genre vous êtes inimitable ; le seul Tasse peut se mettre en parallèle avec vous. J’assurerai, sans flatterie, que vos pièces littéraires seront autant de précieux monuments pour les siècles à venir.

Le roi philosophe, avec qui j’ai l’honneur de vivre, et qui a lu aussi vos ouvrages, en porte le même jugement que moi, et m’ordonne de vous féliciter en son nom sur cet objet.

Ne soyez pas si paresseux à donner de vos nouvelles à un homme qui vous respecte et vous estime, et qui sera, durant toute sa vie, avec le plus vif attachement, etc.


Voltaire.

2370. — À M. DE FORMONT.
À Potsdam, le 28 avril.

On croirait presque que je suis laborieux, mon cher Formont, en voyant l’énorme fatras dont j’ai inondé mes contemporains ; mais je me trouve le plus paresseux des hommes, puisque j’ai tardé si longtemps à vous écrire et à vous instruire des raisons

  1. Anfoine-Marie Vannucchi, né le 2 février 1724, professeur de législation féodale à Pise, où il est mort le 12 février, 1792. — Je présume que la lettre ci-dessus, dont je n’ai pas vu l’original, est une traduction de l’italien. (Cl.)
  2. Drummond de Melfort, nommé brigadier des armées du roi de France le 10 mai 1748 ; né en 1726, mort dans le Berry en 1788. Il est nommé dans le chapitre xxv du Précis du Siècle de Louis XV.