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je ne crois pas, je vais sur-le-champ demander Mlle  Tetau en mariage. Nous aurons un apothicaire pour maître d’hôtel, et je lui donnerai de la rhubarhe et du séné pour présent de noces. Il sera juste que vous ayez un bel appartement dans la maison, avec un lavement tous les jours à votre déjeuner. Voilà, mon ami, ma dernière ressource.

Milord Tyrconnell a toujours des sueurs, et quelquefois le dévoiement : cependant on espère. Le fond de la boîte de Pandore est un joli présent fait au pauvre genre humain. Adieu, mon cher ami ; je me suis acquitté de votre commission auprès de M. et de Mme la comtesse de Tyrconnell ; ils vous remercient de tout leur cœur, et je vous aime de tout le mien.


2334. — À M. LE COMTE D’ARGENSON.
À Berlin, le 15 février.

Votre très-ancien courtisan a été bien souvent tenté d’écrire à son ancien protecteur ; mais, quand je songeais que vous receviez par jour cent lettres quelquefois importunes, que vous donniez autant d’audiences, qu’un travail assidu emportait tous vos autres moments, je n’osais me hasarder dans la foule. Il faut pourtant être un peu hardi, et j’ai tant de remerciements à vous faire de la part des Musulmans et des anciens Romains que vous protégez ; j’aurais même tant de choses flatteuses à vous dire de la part de Louis XIV, qu’il faut bien que vous me pardonniez de vous importuner. Je sais que Mahomet et Catilina sont peu de chose, mais Louis XIV est un objet important et digne de vos regards. Je mourrais content si je pouvais me flatter d’avoir laissé à ma patrie un monument de sa gloire qui ne lui fût pas désagréable, et qui méritât votre suffrage et vos bontés. Mon premier soin a été de vous en soumettre un exemplaire, quoique la dernière main n’y fût pas mise. J’ai pris, depuis, tous les soins possibles pour que cet ouvrage pût porter tous les caractères de la vérité et de l’amour de la patrie. Personne ne contribue plus que vous à me rendre cette patrie chère et respectable, et je me flatte que vous me continuerez des bontés sur lesquelles j’ai toujours compté. Vous ne doutez pas du tendre et respectueux attachement que je vous conserverai toute ma vie. Permettriez-vous que M. de Paulmy trouvât ici l’assurance de mes respects ? V.

P. S. Je me flatte que votre régime vous a délivré de la goutte. Je vous souhaite une santé durable et meilleure que la mienne,