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Rome, la ville souterraine, votre statue, et sans avoir encore eu l’honneur de vous embrasser.

J’ai écrit à M. le maréchal de Noailles, et j’ai pris la liberté de le prier de m’aider un peu de ses lumières. Peut-être sera-t-il un peu mortifié que son nom ne se trouve pas dans l’histoire militaire du Siècle, et que le vôtre s’y trouve. Le président Hénault est plus content du deuxième tome que du premier. Il est bien aisé de se corriger, et c’est à quoi je passe ma vie. Ma nièce, à qui j’avais donné le gouvernement de Rome sauvée, en use despotiquement : elle fait jouer la pièce malgré mes craintes, et même malgré les vôtres : cela doit faire un beau conflit de cabales !

Je suis bien aise de ne pas me trouver là. Mais où je voudrais me trouver, c’est au coin de votre feu, monseigneur ; c’est auprès de votre belle âme et de votre charmante imagination. Je vous regrette tous les jours. Le temps va bien rapidement, et j’ai bien peur de ne reparaître que quand la décrépitude avancée m’aura imposé la nécessité de ne me plus montrer. Je perds loin de vous ce qui me reste de vie. Quelquefois, quand je m’anime un peu à souper, je me dis tout bas : Ah ! si M. le maréchal de Richelieu était là ! Le roi de Prusse en pense autant, mais il serait jaloux de vous, car, il faut l’avouer, il n’est que le second des hommes séduisants. Adieu, monseigneur ; n’oubliez pas votre ancien courtisan.


2325. — À M. FALKENER[1].
Berlin, 27 janvier 1752.

Dear sir, my Louis XIV is on the Elbe, about a month ago. I don’t know whether the grand monarch has yet put to sea, to invade Great Britain. But booksellers are greater politicians than Lewis ; and I think it is very likely they have got the start of me, by sending my book to London by the way of Rotterdam, while my bale of printed tales is on the Elbe ; and so they will reap all the benefit of my labours, according to the noble way of the world.

My book is prohibited amongst my dear countrymen, because I have spoken the truth ; and the delays of cargoes, and the jarring of winds, hinder it from pursuing its journey to

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.