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2319. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Berlin, ce 8 janvier.

Article par article, mon cher ange :

1° Je vois que Mme  Denis ou n’a point reçu mes paquets, ou ne vous a pas montré, ou que vous n’avez pas lu ce nouveau premier acte où Cicéron dit expressément, en parlant de Catilina à Caton :


Je viens de lui parler ; j’ai vu sur son visage,
J’ai vu dans ses discours son audace et sa rage,
Et la sombre hauteur d’un esprit affermi,
Qui se lasse de feindre, et parle en ennemi.

(Scène vi.)

Non-seulement cela doit être dans la copie de Mme  Denis, mais je vous en ai déjà importuné dans mes dernières lettres, ou je suis bien trompé.

2° Il y a aussi, au second acte, la correction que vous demandez.


Ce coup prématuré
Armerait le sénat, qui flotte et qui s’arrête ;
L’orage, au même instant, doit fondre sur leur tête[1].


3° Si vous voulez que Catilina recommande son fils à sa femme, cela se trouve dans les premières leçons :


Que mon fils au berceau, mon fils né pour la guerre,
Soit porté dans vos bras aux vainqueurs de la terre.

(Acte III, scène ii.)

Ce sera un peu de peine pour Mme  Denis de rassembler tous les membres épars de ce pauvre Catilina, et d’en former un corps ; mais elle s’en donne tant d’autres pour moi, elle met dans toutes les choses qui me regardent une activité et une intelligence si singulières, et une amitié si éclairée et si courageuse, qu’elle me rendra bien encore ce service.

Vous avez raison, mon cher ange, quand vous dites qu’il faut que Cicéron, au commencement du cinquième acte, instruise ce public du décret qui lui donne par intérim la puissance de dictateur ; mais il faut qu’il le dise avec l’éloquence de Cicéron, et avec quelques mouvements passionnés qui conviennent à sa

  1. Ces vers font partie des variantes.