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Mon cher ange, représentez vivement à M. le maréchal de Richelieu la nécessité indispensable où je me trouve, de toutes façons, de rester encore quelques mois où je suis. Ma santé va mal ; elle n’a jamais été bien ; je suis étonné de vivre. Il me semble que je vis de l’espérance de vous revoir. Je viens de lire Zarès[1] ; l’imprimera-t-on au Louvre ? Adieu ; mille tendres respects à tous les anges.

Vraiment, j’oubliais le bon, et j’allais fermer ma lettre sans vous parler de ce prophète de la Mecque, pour lequel je vous remercie d’aussi bon cœur que j’ai remercié le pape. Nous verrons si je séduirai le parterre comme la cour de Rome. Il y a un malheur à ce Mahomet, c’est qu’il finit par une pantalonnade ; mais Lekain dit si bien :


Il est donc des remords ! ……………

(Acte V, scène iv.)

À propos de remords, j’en ai bien d’être si loin de vous, et si longtemps ! Mais je ne peux plus faire de tragédies. Vous ne m’aimerez plus.


2272. — À M. DE BALBI[2].
Potsdam, il 28 agosto 1751.

Illustrissimo signor, mio padrone, io vi ringrazio per avermi si ben abbellito, anzi per l’onore che mi fate di voler esser dannato meco. Se la mia sanità non fosse si cattiva adesso, le scriverei più diffusamente per testimognarle il vivo sentimento di gratitudine che devo a Vostra Signoria illustrissima ; ma lo fo in poche parole, e rimango, di Vostra Signoria illustrissima, umilissimo e devotissimo servo[3].


2273. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.

J’ai reçu votre lettre et celle de Mme  Denis ; je vous en remercie. Ah ! ah ! vous m’appelez monsieur ; et moi, sur la parole du

  1. Tragédie de Palissot, jouée le 3 juin 1751 ; l’auteur l’a depuis intitulée Ninus II.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Traduction : Très-illustre maître, je vous remercie pour m’avoir si bien embelli, et aussi pour l’honneur que vous me faites de vouloir être damné avec moi. Si ma santé n’était pas si mauvaise en ce moment, je vous écrirais plus longuement pour exprimer les vifs sentiments de gratitude que je dois à Votre Seigneurie très-illustre ; mais je le fais en peu de paroles, et reste, de Votre Seigneurie très-illustre, le très-humble et dévoué serviteur.