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Mon cœur est occupé, madame, du désir de faire ma cour à Votre Majesté, de la reconnaissance que je dois aux marques de son souvenir et de ses bontés, et du profond respect avec lequel je suis, madame, de Votre Majesté, le très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

2268. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Mais, sire. Votre Majesté n’avait donc pas lu la lettre et les vers du chevalier de Quinsonas[1] : car le tout était cacheté de son cachet. Il y a des vers bien faits ; mais il est difficile de donner à un ouvrage ce tour piquant qui force les gens à lire malgré eux.

Quel chevalier ! il chante l’univers. Son poëme peut être en deux ou trois cent mille chants. Il semble qu’il veut être chevalier de la vérité. Vous encouragez de tous côtés la liberté de penser, et vous ferez un siècle de philosophes.

Ce chevalier de Quinsonas est celui qui sondait la nature de milady Wortley Montague.

Daignez, sire, recevoir les profonds respects de votre malingre, et les regrets de n’avoir pu approcher hier de celui que Quinsonas admire et invoque. J’en fais autant que lui.


2269. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.
Potsdam.

Mon cher Isaac, soyez le bien revenu dans votre terre promise. Je viendrais y adorer le Dieu des armées avec vous, et me mettre aux pieds de votre Rebecca[2], si je me portais bien ; et même, sain ou malade, je viendrai vous voir, en cas que vous m’aimiez un peu : car si mon cher Isaac me traite en Ismaélite, je ne ferai point de pèlerinage pour lui.


2270. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Je suis dans une grande affliction. Votre Majesté sait ce que c’est que cinquante vers, quand il faut qu’ils soient bons, et que ce ne sont pas là de petites affaires. J’avais donc fait ces cinquante

  1. Chevalier de Malte, né en 1719.
  2. La marquise d’Argens.