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avec une partie du sénat, tandis que l’autre reste pour sa défense. Il faut que les reproches de Caton et de Clodius soient plus vifs, et qu’on voie que Cicéron sera puni d’avoir sauvé la patrie ; c’est là un des objets de la pièce. Cicéron, sauvant le sénat malgré lui, est la principale figure du tableau ; il ne reste qu’à donner à ce tableau tout le coloris et toute la force dont il est susceptible. L’ouvrage d’ailleurs vous paraît raisonnablement conduit ; il est une peinture assez fidèle et assez vive des mœurs de Rome. J’ose espérer qu’il ne sera pas mal reçu de tous ceux qui connaissent un peu l’antiquité, et qui n’ont pas le goût gâté par les idées et par le style d’aujourd’hui.

Je vais donc, mon cher et respectable ami, mettre tous mes soins à fortifier et à embellir, autant que ma faiblesse le permettra, tous les endroits de cet ouvrage qui me paraissent en avoir besoin. J’ai déjà fait bien des changements ; mais je ne suis pas encore content. J’enverrai la pièce avant qu’il soit un mois. Vous aurez tout le temps de dire votre dernier avis, et de disposer l’armée avec laquelle vous daignez me soutenir.

Vous ne m’avez point répondu sur une petite question que je vous avais faite, laquelle a peu de rapport avec la république romaine. Il s’agissait du nombre des cures de France, qui est très-fautif dans tous les livres, et sur lequel le receveur du clergé doit avoir une notion sûre, notion qu’il peut très-bien communiquer sans nuire à l’arche du Seigneur.

On parle d’un mandement de l’évêque[1] de Marseille très-singulier. Les remontrances du parlement n’ont pas fait plus de fortune ici qu’à votre cour ; mais je ne conçois pas comment le roi est réduit à emprunter. Nous n’empruntons point, et toutes les charges du royaume sont payées le premier du mois. Adieu, société charmante, qui valez mieux que tous les royaumes.


2251. — À M. LE BARON DE MARSCHALL[2].
À Potsdam, ce 18, au château.

J’ai eu l’honneur de vous remercier de vos bontés et de vous renvoyer les deux tomes des Mémoires chronologiques que vous avez eu la bonté de me prêter. Je vous ai supplié de vouloir bien m’envoyer la Bibliothèque des Théâtres et les trois volumes de Lettres de M. Pellisson. Si vous voulez bien y ajouter le premier

  1. Belzunce ; voyez tome XV, page 379.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.