Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais ce qui est difficile en Lorraine est encore plus difficile en Prusse, où la quantité de surnuméraires est prodigieuse.

Je compte bien profiter des bontés du roi Stanislas, et venir me mettre aux pieds de Mme de Boufflers, au premier voyage que je ferai en France ; et assurément je postulerai fort et ferme une place dans votre Académie. J’aurais le bonheur d’appartenir par quelque titre à un roi qu’on ne peut s’empêcher de prendre la liberté d’aimer de tout son cœur. Cette place, mon cher et ancien ami, me serait encore plus précieuse si je me comptais au nombre de vos confrères.

Je ne me porte guère mieux que Mme de Bassompierre[1], et c’est en partie ce qui m’a privé longtemps du plaisir de vous écrire. J’aurais bien de la vanité si je supportais mes maux avec cette douceur et cette égalité d’humeur qu’elle oppose à ses souffrances, et qu’ont si rarement les gens qui se portent bien, Je vous supplie de me conserver dans son souvenir, et de ne me pas oublier auprès de Mme de Boufflers. Est-ce que M. le marquis du Châtelet est actuellement à Lunéville ? Présentez-lui, je vous prie, mes respects. J’ignore si son fils est à Commercy. Tout ce que je sais de votre cour, c’est que je la regrette, même dans la société du héros philosophe auprès de qui j’ai l’honneur de vivre.

Je sais bien bon gré à M. de Saint-Lambert d’avoir exclu Roi, ce méchant homme. Voudra-t-il se souvenir de moi avec amitié ? Je vous assure que j’en ressentirais une grande consolation. Quoique j’aie absolument renoncé à la comète, cependant je n’ai point oublié la maison de M. Alliot[2], et vous me ferez grand plaisir de me protéger un peu dans cette maison.

Mon cher Panpan, vous ne sauriez croire combien je suis affligé de n’avoir pu faire ce que vous m’avez recommandée[3]. Je serais inconsolable si vous pouviez penser que j’ai manqué de bonne volonté. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.


2249. — À M. LE. MARQUIS DE XIMENÈS.
À Potsdam.

J’ai reçu assez tard, monsieur, à Potsdam un paquet qui a redoublé mon attachement pour vous, et qui a augmenté mon envie de faire un petit tour d’une des collines du Parnasse où je

  1. Sœur de la marquise de Boufflers.
  2. Commissaire général de la maison du roi Stanislas.
  3. Voyez les lettres 2232 et 2239.