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Sire, vous avez des crampes, et moi aussi ; vous aimez la solitude, et moi aussi ; vous faites des vers et de la prose, et moi aussi ; vous prenez médecine, et moi aussi : de là je conclus que j’étais fait pour mourir aux pieds de Votre Majesté.


2236 — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
À Berlin, ce 23 mai 1751.

Madame, Votre Altesse sérénissime daignera-t-elle accepter le tribut qu’un homme, qui lui est peut-être inconnu, ose mettre à ses pieds ? Monseigneur le prince votre fils, à qui j’ai quelquefois fait ma, cour à Paris, me servira de protecteur auprès de Votre Altesse sérénissime. J’avais la plus forte passion de me présenter dans votre cour en allant à Berlin, et d’admirer de près les vertus d’une mère si respectable ; je ne me console point de n’avoir pu jouir de cet honneur, et de celui d’approcher encore de monseigneur le prince de Gotha, que j’ai vu donner à Paris de si grandes espérances.

Je ne prendrais pas la liberté de présenter à Votre Altesse sérénissime ce recueil qu’on a fait à Dresde de mes ouvrages si cet exemplaire n’était, par sa singularité, digne de tenir une place dans une bibliothèque. Il y a plus de deux cents pages corrigées par ma main, ou réimprimées. Il n’y a que trois exemplaires au monde de cette espèce. J’ai cru remplir mon devoir en envoyant un de ces exemplaires à madame la princesse royale de Pologne, et en mettant l’autre à vos pieds. J’ose me flatter, madame, de votre indulgence et de votre bonté.

Je suis avec le plus profond respect, madame, etc.


2237. — À M. LE COMTE ALGAROTTI.
Le…

Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnim.

(Virg., ecl. vii, v. 68)

Se ella è ammalata, compiango ; se sta bene, me ne rallegro ; se si trastulla, lodo ; se si ferma in Berlino, fa bene ; se ella ritorna al nostro monastero, farà gran piacere ai frati, e mi porgerà una gran consolazione. Ma comunque si sia del come e del perché, la prego di rimandarmi le bagatelle istoriche, le quali ha

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Louise-Dorothée de Saxe-Meiningen, née le 10 août 1710, mariée en 1729 à Frédéric III, duc de Saxe-Gotha, est morte le 11 novembre 1767.