Sire, vous avez des crampes, et moi aussi ; vous aimez la solitude, et moi aussi ; vous faites des vers et de la prose, et moi aussi ; vous prenez médecine, et moi aussi : de là je conclus que j’étais fait pour mourir aux pieds de Votre Majesté.
Madame, Votre Altesse sérénissime daignera-t-elle accepter le tribut qu’un homme, qui lui est peut-être inconnu, ose mettre à ses pieds ? Monseigneur le prince votre fils, à qui j’ai quelquefois fait ma, cour à Paris, me servira de protecteur auprès de Votre Altesse sérénissime. J’avais la plus forte passion de me présenter dans votre cour en allant à Berlin, et d’admirer de près les vertus d’une mère si respectable ; je ne me console point de n’avoir pu jouir de cet honneur, et de celui d’approcher encore de monseigneur le prince de Gotha, que j’ai vu donner à Paris de si grandes espérances.
Je ne prendrais pas la liberté de présenter à Votre Altesse sérénissime ce recueil qu’on a fait à Dresde de mes ouvrages si cet exemplaire n’était, par sa singularité, digne de tenir une place dans une bibliothèque. Il y a plus de deux cents pages corrigées par ma main, ou réimprimées. Il n’y a que trois exemplaires au monde de cette espèce. J’ai cru remplir mon devoir en envoyant un de ces exemplaires à madame la princesse royale de Pologne, et en mettant l’autre à vos pieds. J’ose me flatter, madame, de votre indulgence et de votre bonté.
Je suis avec le plus profond respect, madame, etc.
Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnim.
Se ella è ammalata, compiango ; se sta bene, me ne rallegro ; se si trastulla, lodo ; se si ferma in Berlino, fa bene ; se ella ritorna al nostro monastero, farà gran piacere ai frati, e mi porgerà una gran consolazione. Ma comunque si sia del come e del perché, la prego di rimandarmi le bagatelle istoriche, le quali ha
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François. — Louise-Dorothée de Saxe-Meiningen, née le 10 août 1710, mariée en 1729 à Frédéric III, duc de Saxe-Gotha, est morte le 11 novembre 1767.