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vos yeux. Mille compliments à M. Fredersdorff, au docteur joyeux[1], à tutti quanti.


2212. — À M. DARGET.
À Berlin, ce 9 mars 1751.

Tout mon corps est en désarroi ;
Cul, tête et ventre, sont, chez moi,
Fort indignes de notre maître.
Un cœur me reste ; il est peut-être
Moins indigne de ce grand roi.
C’est un tribut que je lui doi ;
Mais, hélas ! il n’en a que faire.
Fatigué de vœux empressés,
Il peut croire que c’est assez
D’être bienfaisant et de plaire.
Né pour le grand art de charmer,
Pour la guerre et la politique,
Il est trop grand, trop héroïque,
Et trop aimable pour aimer ;
Tant pis pour mes flammes secrètes,
J’ose aimer le premier des rois :
Je crains de vivre sous les lois
De la première des coquettes.
Du moins, pour prix de mes désirs,
J’entendrai sa docte harmonie,
Ces vers qui feraient mon envie,
S’ils ne faisaient pas mes plaisirs.
Adieu, monsieur son secrétaire ;
Soyez toujours mon tendre appui :
Si Frédéric ne m’aimait guère,
Songez que vous paierez pour lui.


Bonsoir ; pardon de mes coquetteries : j’ai été bien malade : cela ne m’empêchera pas de vous revoir demain. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.


2213. — À M. DARGET.
À Potsdam, ce 11 mars 1751.

Mon cher ami, je porte au Marquisat le cinquième chant[2], des pilules et de la casse, tous les dons d’Apollon et d’Esculape :

  1. La Mettrie.
  2. De l’Art de la guerre, poëme de Frédéric ; voyez la lettre 2231.