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Zaïre-Nanine-Gaussin sort de chez le moribond, qu’elle n’a point rappelé à la vie, toute jolie qu’elle est. Elle jouera Zaïre et puis Bevildera ; point de Sémiramis. J’attendrai, et j’aurai plus de temps pour y mettre la dernière main, si jamais on peut mettre la dernière main à un ouvrage qu’on veut rendre digne des anges de ce monde.

J’ai fait cent vers à Nanine[1], mais je me meurs.


1971. — À M. MARMONTEL.
Vendredi au soir, mai.

« Je suis très-reconnaissant de l’honneur que me veut faire M. Marmontel. Je ne crains que le nom qu’il veut mettre à la tête de son ouvrage[2]. On dit qu’il a eu le plus grand succès. Je vous en fais mon compliment à tous deux. »

Ces paroles sont tirées de l’épître de M. le maréchal de Richelieu, libérateur de Gênes, et grand trompeur de femmes, mais essentiel pour les hommes, écrite aujourd’hui, de Marly, à votre ami Voltaire.

Ayez la bonté, mon cher et aimable ami, de lui écrire un petit mot de douceur que vous enverrez chez moi, et que je lui ferai tenir. Il n’y a point de plaisirs purs dans la vie. Je ne pourrai voir demain le second jour de votre triomphe. Je suis obligé d’accompagner Mme  du Châtelet, toute la journée, pour des affaires qui ne souffrent aucun délai. Si vous recevez ma lettre ce soir, vous pourrez m’envoyer votre poulet pour M. de Richelieu, que je ferai partir sur-le-champ. Te amo, tua tueor, te diligo, te plurimum, etc.


1972. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE[3].
À Paris, le 15 mai.

J’aurai l’honneur d’être purgé[4]
De la main royale et chérie

  1. Voyez tome V, page 1.
  2. Dans le tome VIII de l’édition des Œuvres de Marmontel, Liège, 1779. on trouve, en tête d’Aristomène, une dédicace à Richelieu, qui n’est ni dans l’édition des Œuvres, 1818-1819, dix-huit volumes in-8°, ni dans l’édition originale de la tragédie.
  3. La lettre 1977 répond à celle-ci.
  4. Voyez page 1.