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est comme les anciens magiciens, qui guérissaient tout avec des paroles enchantées.

J’attends, encore une fois, la permission que je demande ; sans quoi j’aurais fait un bien mauvais marché. Demandez-la-lui donc pour moi, mon cher ami, et nous arriverons, mes petits meubles et moi, pour venir vivre en ermite. Je vous embrasse.


2202. — À M. DARGET.
1751.

Mon cher ami, ce n’est qu’après les affirmations à moi adjugées, et par moi faites, que j’ai eu la vanité de proposer au juif, au plus scélérat de tous les hommes, de reprendre pour deux mille écus ce qu’il m’a donné pour trois mille ; et j’irai encore plus loin, s’il le faut, pour pouvoir m’approcher de Potsdam. J’ai demandé seulement au roi qu’il daignât me laisser encore ici jusqu’au 4 ou 5 mars. Le temps est bien dur, et, en vérité, l’état de ma santé mérite de la compassion. Mon cher ami, en vous remerciant de la bonté que vous avez eue d’envoyer au Marquisat. Si je peux m’y transporter avant le 4 de mars, l’envie d’être votre voisin précipitera mon pèlerinage. Il faudra regarder cette aventure comme une maladie dont j’aurai guéri. Les petits désagréments passent, l’amitié reste. Voilà pourquoi il faut aimer la vie. Adieu, ami charmant.


2203. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Février.

Sire, je conjure Votre Majesté de substituer la compassion aux sentiments de bonté qui m’ont enchanté, et qui m’ont déterminé à passer à vos pieds le reste de ma vie. Quoique j’aie gagné ce procès, je fais encore offrir à ce juif de reprendre pour deux mille écus les diamants qu’il m’a vendus trois mille, afin de pouvoir me retirer dans la maison que Votre Majesté permet que j’habite auprès de Potsdam. L’état où je suis ne me permet guère de me montrer, et j’ai besoin de faire des remèdes à la campagne pendant plus d’un mois. Permettez-moi de m’y aller établir la première semaine de mars, et de rester jusqu’au 5 ou 6 mars dans votre château. C’est un homme assurément très-malade qui vous demande cette grâce. Songez aussi que c’est un homme qui n’a eu, en renonçant à sa patrie, que votre seule personne pour objet, et dont l’attachement ne peut être douteux. Puisque vous