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et tous les renseignements nécessaires, et je récompenserai avec plaisir la bonne foi avec laquelle vous m’aurez rendu ce que je vous redemande. On sait malheureusement, à Berlin, que c’est mon secrétaire Richier qui a fait ce vol. Je ferai ce que je pourrai pour ne pas perdre le coupable, et je lui pardonnerai même, en faveur de la restitution que j’attends de vous. Ayez la bonté de me faire tenir le paquet par les chariots de poste, et comptez sur ma reconnaissance, étant entièrement à vous.

Voltaire,
chambellan du roi de Prusse.

2166. — À MADAME LA DUCHESSE DU MAINE.
Berlin, ce 1er janvier 1751.

Madame, j’ai appris la maladie de Votre Altesse sérénissime avec douleur, avec effroi ; et son rétablissement avec des transports de joie. On fait des vœux dans le pays où je suis, où les beaux-arts commencent à naître, comme on en fait en France, où ils dégénèrent. On y souhaite ardemment votre conservation, si nécessaire au maintien du bon goût et de la vraie politesse de l’esprit, dont Votre Altesse est le modèle. Vivez, madame, aussi longtemps que M. de Fontenelle ; mais, quand vous vivriez encore plus longtemps, vous ne verriez jamais un temps tel que celui dont vous avez été l’ornement et la gloire.

Je suis avec un profond respect et un attachement inviolable, madame, etc.


2167. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Sire, mon secrétaire[1] m’a avoué que d’Arnaud l’avait séduit, et lui avait tourné la tête au point de l’engager à voler le manuscrit en question, pour le faire imprimer. Il m’a demandé pardon ; il m’a rendu tous mes papiers.

Votre Majesté verra que je mettrai à la raison le juif Hirschell[2]

  1. Tinois, prédécesseur de Richier. Il s’agit d’une affaire antérieure à celle de Lessing-. Voyez les lettres 2022 et 2168.
  2. Tout Prussien porteur des effets de la banque de Saxe devait être, par privilège et en vertu d’un article spécial du traité de Dresde, remboursé intégralement de ces effets tombés au-dessous de la moitié de leur valeur. De là un agiotage effréné. Les Prussiens achetaient ces billets à vil prix, et s’en faisaient payer la valeur totale. La cour de Dresde se plaignit. Frédéric, par ordonnance