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travaillerait trois mois, il n’aurait rien à regretter. Il ne faut pas qu’il y ait un doigt trop long, ni un ongle mal fait à la Vénus de Médicis. Les statues qui ornent les jardins ne vaudront pas les monuments de la bibliothèque. Que d’esprit, et de toutes sortes d’esprit ! Et où diable a-t-il pêché tout cela ? Et comment imaginer qu’il y ait tant de fleurs dans vos sables, et comment tant de grâces avec tant d’occupations profondes ! Je crois que je rêve. J’ai écrit à du Vernage ; j’ai, Dieu merci, donné ma démission de tout ; je ne veux plus tenir qu’à Frédéric le Grand. Bonsoir ! je ne sais pas trop les jours de poste. Ce chiffon arrivera à Stettin quand il pourra.

P. S. Il pleut des fièvres. J’ai deux domestiques sur le grabat. Je me sauve par les pilules de Stahl. Je suis constant.


2109. — À MADAME LA MARQUISE DE POMPADOUR.
À Potsdam, le 10 août.

Dans ces lieux jadis peu connus,
Beaux lieux aujourd’hui devenus
Dignes d’éternelle mémoire,
Au favori de la Victoire
Vos compliments sont parvenus.
Vos myrtes sont dans cet asile
Avec les lauriers confondus ;
J’ai l’honneur, de la part d’Achille,
De rendre grâces à Vénus[1].

S’il vous remerciait lui-même, madame, vous auriez de plus jolis vers, car il en fait aussi aisément qu’un autre roi et lui gagnent des batailles.


De deux rois qu’il faut adorer
Dans la guerre et dans les alarmes,
L’un est digne de soupirer
Pour vos vertus et pour vos charmes,
Et l’autre de les célébrer.


2110. — À MADAME DENIS.
Potsdam, le 11 août.

Je ne suis point du tout de votre avis, ma chère enfant, ni de celui de MM. d’Argental et de Thibouville. Rome sauvée ne me

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