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mande, si vous le permettez, vos conseils et votre protection. Je vous avais bien dit que les muses me ramèneraient encore à votre tribunal. J’ai fait la tragédie d’Oreste ; c’est le même sujet que l’Électre de M. Crébillon. J’avais envie de vous prier de remettre l’approbation de la pièce à M. le président Hénault, et d’en parler à M. d’Argenson afin d’éviter les aventures auxquelles cette vieille mégère de Villeneuve et ses chiens exposent les manuscrits.

Mais je ne sais s’il ne sera pas mieux, de toutes façons, que j’aille moi-même de votre part chez M. Crébillon. C’est au bout du compte mon confrère et mon ancien. Les démarches honnêtes sont toujours nobles. Je lui dirai qu’en travaillant sur le même sujet, je n’ai pas prétendu l’égaler, que je lui rends justice dans un discours que je ferai prononcer avant la représentation, et que j’ose compter sur son amitié. Ce procédé et un petit billet de vous, que j’ose vous demander pour le lui rendre, doivent le désarmer. Il n’est guère possible qu’il ne fasse son devoir de bonne grâce. Le grand point est qu’il ne garde pas longtemps le manuscrit. C’est à quoi vos intentions l’engageront quand votre billet les lui aura apprises. Je vous apporterai les deux exemplaires signés de sa main. Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien m’honorer de vos ordres aussi promptement que vos grandes occupations pourront vous le permettre.

J’ai l’honneur d’être, etc.


2049. — DU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].

Je vous envoie, monsieur, comme vous le souhaitez, une lettre pour M. Crébillon, pour l’engager à accélérer son examen de la tragédie d’Oreste. Lorsque vous aurez sa signature, vous me ferez plaisir de me communiquer les deux doubles comme vous me l’avez promis[2].


2050. — À M. LAMBERT[3],
chez m. lemercier, imprimeur, rue saint-jacques, à paris
Mercredi…

On va jouer incessamment Oreste. J’ai un besoin pressant du Pausanias de M. l’abbé Gédoin, pour ne point faire de fautes

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.
  2. Crébillon ne garda la pièce que trois ou quatre jours. En la renvoyant approuvée à Voltaire, il lui écrivit ces mots à la fois pleins de fierté, de mesure et de délicatesse : « J’ai été content de mon Électre ; je souhaite que le frère vous fasse autant d’honneur que la sœur m’en a fait. »
  3. Éditeurs, Bavoux et François (Appendice, 1865).