mes prières auprès de Mme de Pompadour, et qu’il se déclarera avec force contre les misérables parodies, qu’il regarde comme la honte de notre nation.
Encore une fois, le soin que je prends de rendre Sémiramis moins indigne du public éclairé est ma meilleure réponse, est ma meilleure manœuvre. Bien faire, et être secondé par vous, voilà mon évangile. Adieu, mes chers anges, qui présidez à ma Babylone. L’envie a raison de vouloir me perdre, votre amitié me rend trop heureux.
Je fais une réflexion. Si la fureur de la cabale, et le plaisir malin attaché à l’humiliation de son prochain, l’emportent sur tant de justes raisons ; si on s’obstine à jouer l’infamie[1] à la cour, M. le duc d’Aumont, qui assurément doit en être mortifié, ne peut-il pas différer la représentation de Sémiramis ? Ne pouvez-vous pas même engager très-aisément MmeMlle Dumesnil à exiger de ses camarades un long délai fondé sur cent vers nouvellement corrigés, qu’il faut apprendre ? La disposition nouvelle du théâtre de Fontainebleau n’est-elle pas encore un motif pour différer ? Ne peut-on pas pousser ce délai jusqu’au dernier jour, et, s’il le faut même, ne pas jouer la pièce ? Alors on ne pourrait donner la parodie et ce temps, que nous aurions, servirait non-seulement à prendre de nouvelles mesures, mais encore à faire de nouveaux changements pour l’hiver. Alors la pièce serait presque nouvelle, et les Slodtz[2], qui sont prêts à réparer leur honneur en rajustant leurs décorations, donneraient un nouveau cours et un nouveau prix à notre guenille, qui aurait un plein triomphe, tandis que peut-être Catilina…
Mandez-moi si vous jugez à propos que j’écrive à M. le duc d’Aumont en conséquence. Conduisez ma tête et ma main comme mon cœur.
Je crains bien, monsieur, dans les fréquents voyages que j’ai faits cet automne, de n’avoir pas répondu à votre lettre obli-