Voudriez-vous qu’à la fin du troisième acte le fond du théâtre représentât les Pyrénées ? L’Amour leur ordonnerait de disparaître, afin de ne faire qu’un peuple de la France et de l’Espagne, et on verrait à leur place une salle de bal où le duc de Foix danserait avec sa dame, etc. Je chercherai tant qu’à la fin j’approcherai de vos idées. Encouragez-moi, je vous supplie ; soyez sûr que tous les divertissements seront faits avant le mois de juillet ; qu’il ne faudra pas un mois à Rameau ; que je travaillerai la pièce avec tout le soin possible, et que je n’aurai rien fait en ma vie avec plus d’application ; mais, encore une fois, ne me jugez point sur cette misérable esquisse ; et, s’il y a quelques scènes qui vous plaisent, croyez que tout sera travaillé dans ce goût ; soyez sûr enfin que vous serez servi à point nommé, et que tout sera prêt pour votre retour.
Mme du Châtelet regrette toujours la Petite Fête des bergers, et
Du sort de Polémon l’intéressante histoire[1].
Mais il me semble que cette nouvelle façon serait plus susceptible de spectacle. Je vous demande toujours la permission d’envoyer à Rameau les autres divertissements. Je vous supplie de dicter vos ordres en prenant votre thé, si vous prenez du thé devant Menin ou dans Menin. Tâchez d’aller à Bruxelles, car on nous y dénie justice[2]. Mme du Châtelet vous aime véritablement ; je vous le dis c’est une très-bonne femme. Adieu, monseigneur, mon cher protecteur ; adieu.
Souvenez-vous que j’avais dit à celui qui vous fait tant attendre :
Titus perdit un jour, et vous n’en perdrez pas[3].
Je n’ai point dit vous n’en perdez pas, puisque voilà neuf années[4] perdues jusqu’à présent pour vous. Cependant je ne puis
- ↑ Il ne reste aucune trace de la Petite Fête des bergers.
- ↑ Il s’agit du procès entre les maisons du Châtelet et de Honsbrouck, qui durait depuis soixante ans, pour lequel, depuis 1739, Voltaire et Mme du Châtelet firent plusieurs voyages à Bruxelles, et qui finit enfin par s’accommoder.
- ↑ Derniers vers de l’Épître au roi de Prusse sur son avènement à la couronne (1740). Voyez tome X.
- ↑ Lisez sept. Thieriot, à la recommandation de Voltaire, ne devint l’agent lit-