Soyez très-persuadé du bon effet qu’elle fera ; je ne serai point suspect, et ce sera le second de mes beaux jours que celui où je pourrai dire au roi tout ce que je pense de votre personne. Pour le premier de mes jours, ce sera celui où je viendrai m’établir à vos pieds, et commencer une nouvelle vie qui ne sera que pour vous.
Que je me console un peu avec vous, mon très-aimable ami.
Je continuais mon voyage
Dans la ville d’Otto[1] Guérie,
Rêvant à la divine Ulric[2],
Baisant quelquefois son image,
Et celle du grand Frédéric.
Un heurt survient, ma glace casse,
Mon bras en est ensanglanté ;
Ce bras qui toujours a porté
La lyre du bonhomme Horace
Pendante encore à mon côté.
La portière à ses gonds par le choc arrachée
Saute et vole en débris sur la terre couchée ;
Je tombe dans sa chute ; un peuple de bourgeois,
D’artisans, de soldats, s’empressent à la fois,
M’offrent tous de leur main, grossièrement avide,
Le dangereux appui, secourable et perfide ;
On m’ôte enfin le soin de porter avec moi
La boîte de la reine et les portraits du roi.
Ah ! fripons, envieux de mon bonheur suprême.
L’amour vous fit commettre un tour si déloyal
J’adore Frédéric, et vous l’aimez de même ;
Il est tout naturel d’ôter à son rival
Le portrait de ce que l’on aime.
Pour comble d’horreur, mon cher ami, deux bouteilles de vin de Hongrie se cassent, et personne n’en boit ; la liqueur