acquérir plus de gloire que lorsqu’il défend ses peuples contre des ennemis furieux, et que, faisant changer la situation des affaires, il trouve le moyen de réduire ses adversaires à lui demander la paix humblement.
J’admirerai tout ce que fera ce grand homme[1], et personne de tous les souverains de l’Europe ne sera moins jaloux que moi de ses succès. Mais je n’y pense pas de vous parler politique : c’est précisément présenter à sa maîtresse une coupe de médecine. Je crois que je ferais beaucoup mieux de vous parler poésie ; mais ne peut pas qui veut ; et, lorsque vous m’écrivez des vers et que j’y dois répondre, vous me revenez comme un échanson qui, ayant le talent de boire, porte de grands verres en rasade à un fluet qui tout au plus peut supporter de l’eau.
Adieu, cher Voltaire ; veuille le ciel vous préserver des insomnies, de la fièvre, et des fâcheux !
Votre Majesté aurait-elle assez de bonté pour mettre en marge ses réflexions et ses ordres ?
(VOLTAIRE.) 1° Votre Majesté saura que le sieur Bassecour, premier bourgmestre d’Amsterdam, est venu prier M. de La Ville, ministre de France, de faire des propositions de paix. La Ville a répondu que, si les Hollandais avaient des offres à faire, le roi son maître pourrait les écouter.
2° N’est-il pas clair que le parti pacifique l’emportera infailliblement en Hollande, puisque Bassecour, l’un |
(FRÉDÉRIC.) 1° Ce Bassecour est apparemment celui qui a soin d’engraisser les chapons et les coqs d’Inde pour Leurs Hautes Puissances ?
2° J’admire la sagesse de la France ; mais Dieu me préserve à jamais de l’imiter ! |
- ↑ Voyez le huitième alinéa de Frédéric dans la lettre suivante.
- ↑ Cette lettre a été imprimée pour la première fois dans la Décade philosophique, du 10 messidor an VII, avec cet avis :
« Nous imprimons cette pièce sur une copie au bas de laquelle est écrit, de la main de Beaumarchais :
« Je certifie cette lettre et la réponse exactement conformes à l’original écrit de la main de Voltaire et de Frédéric, lequel est entre mes mains.
- « Ce 9 thermidor an VI de la République française.
Signé Caron Beaumarchais. »— On peut considérer cette pièce comme un spécimen des notes échangées entre Voltaire et Frédéric relativement à l’alliance française.