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Je ne crois pas que la pension soit telle que ces messieurs dont vous me parlez le disent. En tout cas, voyez si vous croyez devoir attendre jusqu’au mois de juin, ou si vous voulez qu’on reparle au roi à présent de cette affaire. J’imagine que le canal de M. Chambrier est le plus naturel mais si vous croyez que le mien puisse être aussi utile, je suis à vous, et j’écrirai comme j’ai parlé.

La Noue est dans un grand embarras par rapport à une comédie dont il s’était chargé, et qui est, me semble, contremandée il faudra des dédommagements, en cas que ce spectacle n’ait pas lieu. Je suis chargé de la part de La Noue de faire ses représentations. Ce n’est peut-être pas un temps bien favorable pour demander deux choses à la fois cependant comme ces deux choses sont très-justes, et que la vôtre est celle qui m’intéresse le plus, j’aurais déjà pris la liberté de solliciter le payement de votre pension si je n’avais voulu vous consulter auparavant. J’ai de plus à vous dire qu’autant que j’ai connu le caractère de Sa Majesté prussienne, il n’aime pas qu’on lui demande. Il veut avoir le plaisir tout entier de faire des grâces. Mais encore une fois, si vous trouvez que ce plaisir se fasse attendre trop longtemps, je suis prêt d’écrire sur-le-champ.

Je suis très-fâché contre cette édition qu’on prépare. Vous me ferez un sensible plaisir d’avertir ceux qui s’en mêlent que j’ai corrigé plus de quatre cents vers à la Henriade, que j’ai retravaillé toutes mes pièces, que je suis occupé à refondre l’Histoire de Charles XII, et qu’ainsi, s’ils se précipitent et s’ils n’ont pas les changements nécessaires, cette édition ne pourra que leur être très-préjudiciable. Je ne veux point chercher à connaître ceux qui s’en chargent, mais je suis prêt de faire remettre toutes les corrections à l’endroit qu’on voudra m’indiquer.

Je suis déjà assez fâché de l’édition de Ledet de 1738, et de celle de Paupie, sous le nom de la Compagnie des libraires, 1740. Je suis las de mes fautes et de celles des libraires.

Je vous prie de m’envoyer une Épître au prince royal, que je composai il y a quatre ou cinq ans elle commence ainsi

Prince, il est peu de rois que les Muses instruisent, etc.


Je n’en ai plus de copie.

Je suis à vous du meilleur de mon cœur.