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boire à Bruxelles la lie du calice de la chicane, et végéter deux ans dans le pays de l’insipidité. Quelques étincelles de votre imagination, et quelques jours de votre présence, me serviront d’antidote. Je cours grand risque de rester encore deux ans au moins chez les barbares. Ne pourrai-je avoir la consolation de vous voir deux jours ?

Adieu, mon cher ami, à qui mon cœur est uni pour toute ma vie. Je vous embrasse bien tendrement.


1488. — À M. BERGER[1].
… Janvier 1742.

L’ermite de Cirey n’oubliera jamais son cher Berger. Il a été forcé d’interrompre tout commerce avec ses amis pendant quelque temps ; mais ils ne lui en sont que plus chers, et M. Berger sera toujours à la tête de ceux pour qui il conserve le plus d’estime et d’amitié. S’il voulait venir à Cirey, il serait bien convaincu des sentiments de son ami.


1489. — À M. DE LA NOUE,
directeur des spectacles, à lille.
Le 28 janvier[2].

Mon cher Mahomet, mon cher Thraséas, etc., j’ai envoyé votre lettre à celui[3] qui serait heureux s’il se bornait aux plaisirs que des hommes tels que vous peuvent lui donner. S’il vous connaissait, je sais bien ce qu’il ferait, ou du moins ce qu’il devrait faire. Je ne doute pas que vous n’obteniez les choses très-justes que vous demandez mais, en même temps, je crois que vous devez entièrement vous conformer à ce que M. Algarotti vous a mandé, et ne faire aucuns préparatifs à compter du jour de la réception de sa lettre. Vous m’avez donné une grande envie de revenir à Lille. Je ne vous ai ni assez vu ni assez entendu.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le mot Bruxelles se lit dans Mon Séjour auprès de Voltaire, par Colini ; 1807, in-8o, page 360, où cette lettre a été imprimée, je crois, pour la première fois. M. Clogenson pense que ce mot n’était pas sur l’original de cette lettre, que Voltaire dut écrire à Cirey, immédiatement après son retour de Grai. Il ne rentra pas à Bruxelles avant la fin d’août 1742. Dans ce même volume de Mon Séjour, page 337, on avait daté de 1754 la lettre 1332, qui est de 1740.
  3. Le roi de Prusse, qui, en 1740, avait chargés Voltaire d’engager La Noue à venir à Berlin en qualité de directeur du théatre.