tendrai paisiblement que La Noue soit reçu à Paris, et je ne compte pas plus me mêler de cette élection que de celle de l’empereur. Je ne me mêle que de reprendre de temps en temps mon Mahomet en sous-œuvre. J’y ai fait ce que j’ai pu ; je le crois plus intéressant que lorsqu’il fit pleurer les Lillois. J’avoue que la pièce est très-difficile à jouer ; mais cette difficulté même peut causer son succès, car cela suppose que tout y est dans un goût nouveau, et cette nouveauté suppléera du moins à ma faiblesse.
Je ne regrette point Dufresne ; il est trop formé pour Séide, et trop faible pour Mahomet. Il n’était nullement fait pour les rôles de dignité, ni de force je l’ai vu guindé dans Athalie, quand il faisait le grand-prêtre. La Noue est très-supérieur à lui dans les rôles de ce caractère c’est dommage qu’il ait l’air d’un singe.
J’ai lu enfin les Confessions[1] du comte de *** car il faut toujours être comte ou donner les Mémoires d’un homme de qualité[2]. J’aime mieux ces Confessions que celles de saint Augustin ; mais, franchement, ce n’est pas là un bon livre, un livre à aller à la postérité : ce n’est qu’un journal de bonnes fortunes, une histoire sans suite, un roman sans intrigues, un ouvrage qui ne laisse rien dans l’esprit, et qu’on oublie comme le héros oublie ses anciennes maîtresses. Cependant je conçois que le naturel et la vivacité du style, et surtout le fond du sujet, aura réjoui les vieilles et les jeunes, et que ces portraits, qui conviennent à tout le monde, ont dû plaire aussi à tout le monde.
Bonsoir, homme charmant, à qui je voudrais plaire. Mille tendres respects à l’autre ange.
Le plus ambulant de vos amis, le plus écrivain, et le moins écrivant, se jette au pied de l’autel de l’Amitié, et avoue d’un cœur contrit sa misérable paresse. J’aurais dû vous écrire de Paris et de Cirey, mon aimable Cideville fallait-il attendre que je fusse en Franche-Comté ? Nous en partons d’aujourd’hui en