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admirable, c’est ennuyer. Qu’on me critique, mais qu’on me lise.

Passons du grave au doux, du plaisant au sévère.

(Boileau, Art. poet., I, 76.)

Gare que le Père Voltaire ne soit Père Savonarole[1] !

Envoyez le S’Gravesande chez l’abbé[2] ; il ne faut jamais attendre d’occasion pour un bon livre ; l’abbé le mettra au coche sur-le-champ.

Il me faut le Boerhaave français ; je le crois traduit. Il y a une infinité de drogues dont je ne sais pas le nom en latin.

Ai-je souscrit pour le livre[3] de M. Brémond ? Aurai-je quelque chose sur les marées par quelque tête anglaise ?

Je crois que je verrai demain Wallis et l’Algarotti français[4]. J’avais proposé à M. Algarotti que la traduction se fît sous mes yeux ; je vous réponds qu’il eût été content de mon zèle.

Je ne sache pas qu’on ait imprimé rien de mes lettres à Maffei ; mais ce que j’ai écrit, soit à lui, soit à d’autres, sur l’abbé Desfontaines, a beaucoup couru. Si on m’avait cru, on aurait plus étendu, plus poli, et plus aiguisé cette critique[5]. Il était sans doute nécessaire de réprimer l’insolente absurdité avec laquelle ce gazetier attaque tout ce qu’il n’entend point ; mais je ne peux être partout, et je ne peux tout faire.

Au reste, je ne crois pas que vous balanciez entre votre ami et un homme qui vous a traité avec le mépris le plus insultant dans le Dictionnaire nèologique, dans un ouvrage souvent imprimé, ce qui redouble l’outrage. Il ne m’a jamais écrit ni parlé de vous que pour nous brouiller ; jamais il n’a employé sur votre compte un terme honnête. Si vous aviez la faiblesse honteuse de vous mettre entre un tel scélérat et votre ami, vous trahiriez également et ma tendresse et votre honneur. Il y a des occasions où il faut de la fermeté : c’est s’avilir de ménager un coquin. Il a trouvé en moi un homme qui le fera repentir jusqu’au dernier moment de sa vie ; j’ai de quoi le perdre ; vous pouvez l’en assurer. Adieu ; je suis fâché que la colère finisse une lettre dictée par l’amitié.

  1. C’est-à-dire brûlé.
  2. Moussinot.
  3. La traduction des Transactions philosophiques.
  4. C’est-à-dire la traduction du Newtonianismo per le dame, que Duperron de Castera venait de publier.
  5. Le Préservatif, déjà cité dans la lettre du 24 novembre précédent, à Thieriot.