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nant une pièce peut-être fort plate ; je l’adresse a M. l’abbé Moussinot ; mais comme les jansénistes n’aiment point les pièces de théâtre, elle est destinée à un honnête jésuite, nommé le Père Brumoi, qui demeure rue Saint-Jacques. Il faut, s’il vous plaît mon cher abbé, que ce manuscrit soit rendu en main propre au jésuite, avec serment, sans restriction mentale, que copie n’en sera point tirée, et que le manuscrit sera remis au greffe de Saint-Merry.

J’avertis mon chanoine janséniste qu’il peut lire l’ouvrage a toute force :

Premièrement, parce que la pièce est sans amour ;

Secondement, parce qu’étant probablement ennuyeuse, elle pourra passer pour le huitième des psaumes pénitentiaux.

Sur ce, je vous embrasse et suis tout à vous.

Il y a un marchand nommé Delaporte, pont Saint-Michel. Je lui dois soixante et deux livres. Solve, si placet.

Pourquoi ne pas recevoir de M. de Brezé ? Pourquoi le mettre à portée de penser qu’on n’aime pas à être payé ? Puissent mes débiteurs me fatiguer de payements tous les quartiers ! J’accepterai cette corvée sans me plaindre. Vale tertium.

Le chevalier[1] doit vous faire tenir pour moi un petit paquet ; je vous prie de l’assurer de ma tendre amitié, et de l’engager a faire du reste[2] ce qu’il a déjà fait de quelques-unes en votre présence : cela est, encore une fois, d’une importance extrême pour ses intérêts et pour les miens.

J’écris à bâtons rompus.

J’oubliais de vous dire que le contrat du duc de Richelieu est dans le paquet du coche de Joinville. Vale tertium.


974. — À M. HELVÉTIUS.
À Cirey, ce 4 décembre[3].

Mon très-cher enfant, pardonnez l’expression, la langue du cœur n’entend pas le cérémonial ; jamais vous n’éprouverez tant d’amitié et tant de sévérité : je vous renvoie votre Épître[4] apostillée, comme vous l’avez ordonné. Vous et votre ouvrage vous

  1. De Mouhy.
  2. « De mes lettres », évidemment. (C.)
  3. Cette date est celle qu’on lit dans l’édition de Kehl ; les autres portent le 24.
  4. Voyez tome XXIII, page 5.