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Les rondaches, et les brassards,
Et les charnières des cuissarts
Que portaient aux combats vos aïeux héroïques.
Leurs sabres tout rouilles sont rangés dans ces lieux,
Et les bois vermoulus de leurs lances gothiques,
Sur la terre couchés, sont en poudre comme eux.

Il y a aussi des livres que les rats seuls ont lus depuis cinquante ans, et qui sont couverts des plus larges toiles d’araignées de l’Europe, de peur que les profanes n’en approchent.

Si les pénates de ce palais pouvaient parler, ils vous diraient sans doute :

Se peut-il que ce roi, que tout le monde admire,
Nous abandonne pour jamais.
Et qu’il néglige son palais,
Quand il rétablit son empire ?

Je suis, etc.


1354. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
À la Haye, 7 octobre 1740.

Je n’ai qu’un mot à dire, et qu’un moment pour écrire, mon cher abbé.

Un louis d’or à d’Arnaud ; qu’il compte sur mes soins ; je travaille pour lui, mais il faut attendre.

J’ai retrouvé l’avant-propos en question. Donnez, si vous voulez, le livre à qui vous voudrez[2], comme vous voudrez, et qu’on l’imprime comme le libraire voudra, avec ou sans privilège.

Je suis laconique, mais mon cœur ne l’est pas, et je vous aime pour toujours.


1355. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Remusberg, 7 octobre[3].

L’amant favori d’Uranie
Va fouler nos champs sablonneux,
Environné de tous les dieux,
Hors de l’immortelle Émilie.

  1. Édition Courtat.
  2. Moussinot dut remettre le manuscrit de Machiavel à Prault ; voyez la lettre à Helvétius, du 7 janvier 1741.
  3. Voltaire ne reçut cette lettre que le 29 novembre suivant, à Berlin, où il était alors.