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par M. Nordberg : ce sera pour moi une nouvelle palette[1] dans laquelle je tremperai les pinceaux dont il me faudra repeindre mon tableau.


1344. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Septembre[2].

Tu naquis pour la liberté,
Pour ma maîtresse tant chérie,
Que tu courtise, en vérité,
Plus que Phyllis et qu’Émilie.
Tu peux, avec tranquillité,
Dans mon pays, à mon côté,
La courtiser toute ta vie.
N’as-tu donc de félicité
Que dans ton ingrate patrie ?

Je vous remercie encore, avec toute la reconnaissance possible, de toutes les peines que vous donnent mes ouvrages. Je n’ai pas le plus petit mot à dire contre tout ce que vous avez fait, sinon que je regrette le temps que vous emportent ces bagatelles.

Mandez-moi, je vous prie, les frais et les avances que vous avez faits pour l’impression, afin que je m’acquitte, du moins en partie, de ce que je vous dois.

J’attends de vous des comédiens, des savants, des ouvrages d’esprit, des instructions, et à l’infini des traits de votre grande âme. Je n’ai à vous rendre que beaucoup d’estime et de reconnaissance, et l’amitié parfaite avec laquelle je suis tout à vous.

Fédéric.

1345. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[3].
Sur le chemin de Rotterdam, ce 15 septembre.

J’ai peur, mon cher ange gardien, qu’une lettre que je vous écrivis de Clèves ne vous soit point parvenue. La guerre entre le

  1. La palette n’a pu servir. On sait que l’Histoire de Charles XII par Nordberg n’est, jusqu’en 1709, qu’un amas indigeste de faits mal rapportes, et, depuis 1709, qu’une copie de l’histoire composée par M. de Voltaire. — Cette note, de Voltaire, est de 1752. l’Histoire de Charles XII, traduite du suédois de Nordberg, par Warmholtz, est en quatre volumes in-4o qui portent la date de 1748 ; mais les trois premières feuilles étaient imprimées dès 1742. Il paraît que des frontispices du premier volume ont été tirés avec la date de 1742 (voyez la Bibliothèque française, tome XXXV, page 179). La lettre de Voltaire à Nordberg classée après le 20 février 1744 donne à penser que des exemplaires du premier volume furent mis en circulation dès 1742. (B.)
  2. Cette lettre doit être postérieure à l’entrevue du 11 au 14 septembre, de Frédéric et de Voltaire.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.