une histoire, il s’en faut beaucoup ; mais ce sont d’excellents matériaux pour en composer une, et je compte bien réformer la mienne en beaucoup de choses sur les mémoires de cet officier.
Je vous avoue d’ailleurs, monsieur, que j’ai vu avec plaisir dans ces mémoires beaucoup de particularités qui s’accordent avec les instructions sur lesquelles j’avais travaillé. Moi qui doute de tout, et surtout des anecdotes, je commençais à me condamner moi-même sur beaucoup de faits que j’avais avancés : par exemple, je n’osais plus croire que M. de Guiscard, ambassadeur de France, eût été dans le vaisseau de Charles XII à l’expédition de Copenhague ; je commençais à me repentir d’avoir dit que le cardinal primat, qui servit tant à la déposition du roi Auguste, s’opposa en secret à l’élection du roi Stanislas ; j’étais presque honteux d’avoir avancé que le duc de Marlborough s’adressa d’abord au baron de Gortz avant de voir le comte Piper, lorsqu’il alla conférer avec le roi Charles XII, Le sieur de La Motraye[1] m’avait repris sur tous ces faits avec une confiance qui me persuadait qu’il avait raison ; cependant ils sont tous confirmés par les Mémoires de M. Adlerfelt.
J’y trouve aussi que le roi de Suède mangea quelquefois, comme je l’avais dit[2], avec le roi Auguste qu’il avait détrôné, et qu’il lui donna la droite. J’y trouve que le roi Auguste et le roi Stanislas se rencontrèrent à sa cour et se saluèrent sans se parler. La visite extraordinaire que Charles XII rendit à Auguste à Dresde, en quittant ses États, n’y est pas omise[3]. Le bon mot même du baron de Stralheim y est cité mot pour mot, comme je l’avais rapporté[4].
Voici enfin comme on parle dans la préface du livre de M. Adlerfelt :
« Quant au sieur de La Motraye, qui s’est ingéré de critiquer M. de Voltaire, la lecture de ces mémoires ne servira qu’à le confondre, et à lui faire remarquer ses propres erreurs, qui sont en bien plus grand nombre que celles qu’il attribue à son adversaire, »
Il est vrai, monsieur, que je vois évidemment par ce journal que j’ai été trompé sur les détails de plusieurs événements militaires. J’avais, à la vérité, accusé juste le nombre des troupes