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J’ai reçu Dardanus[1] ; donnez à M. de La Bruère ma réponse cachetée, si vous le voulez bien.

Envoie ! une pour l’abbé Le Blanc.

Voici la réplique à l’abbé Trublet. Judica me.

Le Père Mersenne doit me trouver excédant.

Dites vite, et très-vite, si je peux compter sur le S’Gravensande (deux volumes in-4o). C’est mon pain quotidien, je ne peux m’en passer et nous ne pouvons guère nous passer de vous ici. Envoyez-nous ce valet de chambre physicien de Mme Dupin ; l’autre nous a manqué.


961. — À M. L’ABBÉ LE BLANC[2].
À Cirey, ce 11 novembre.

Comme Anglais[3], comme auteur d’Aben-Saïd, comme amateur des arts et de la vérité, comme ayant châtié l’abbé Desfontaines, vous avez, monsieur, mille droits à mon amitié et a mon estime Je ne doute pas que vous n’ayez encore fortifié votre génie par l’étude d’une langue dans laquelle est écrit ce qu’on a jamais pensé de plus fort. Vous avez dû sentir votre âme plus libre et plus à l’aise à Londres ; c’est là que la nature étale des beautés mâles qui ne doivent rien à l’art, Les grâces, l’exactitude, la douceur, la finesse, sont plus le partage des Français.

Utraque poscit opem res et conjurat amice.

Je crois qu’un Anglais qui a bien vu la France, et un Français qui a bien vu l’Angleterre, en valent mieux l’un et l’autre. Vous êtes fait, monsieur, pour joindre le mérite du pays d’où vous venez à celui de votre patrie. Comme vous me feriez un vrai plaisir de m’envoyer les étrivières rimées que vous avez données à ce misérable abbé Desfontaines, également haï et méprisé des Français et des Anglais !

C’est un esclave que son maître
Au front a sagement marqué ;
À tous vous l’avez fait connaître.
On m’a dit que ce vilain prêtre
Est de vos traits bien plus piqué

  1. Opéra de La Bruère, demandé à Thieriot le 11 octobre.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François
  3. Le Blanc est auteur des Lettres sur l’Angeterre, qu’il avait habité longtemps.