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Je vous étonnerai peut-être quand je vous dirai que je n’ai pas su un mot de la querelle[1] du Suisse à Paris. Soyez tout aussi convaincu que vous m’apprenez de tout point la première nouvelle d’une chose mille fois plus cruelle.

Je vous conjure, encore une fois, de mêler un peu de douceur à la supériorité de votre esprit. Il est impossible que la personne dont vous me parlez ne se rende à la raison et à ma juste douleur.

Soyez sûr que je conserve pour vous la plus tendre estime, que je n’y ai jamais manqué, et que vous pouvez disposer entièrement de moi.


1329. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[2].
Ce 14 (auguste 1740).

Depuis ma lettre écrite par laquelle je vous prie, mon cher ami, d’aller trouver M. de Nicolaï, j’ai fait réflexion que vous ferez bien dans votre audience de lui montrer cette lettre qui ne doit pas lui déplaire. Ce sera la meilleure manière d’entrer en conversation.

Ne faudrait-il pas faire opposition aussi entre les mains de M. Bergeret ?

À l’égard de M. d’Estaing, je n’ai pas encore le nom du procureur auquel il faut s’adresser à Clermont ; mais je l’aurai bientôt. Je vous remercie de l’avis que vous me donnez touchant les lettres d’État ; je suppose que le marquis d’Estaing a renoncé par son contrat au bénéfice des lettres d’État.

Comme j’aurai bientôt besoin d’un fonds considérable, je vous réitère mes remerciements des poursuites que vous faites faire.

Je vous prie de ne point répandre dans le monde que j’avais une rente viagère sur Michel ; il suffit de dire que j’avais de l’argent placé sur lui.

Il n’y a que M. de Nicolaï auquel il faille confier la chose.

Il sera très à propos que monsieur votre frère écrive à M. d’Auneuil qu’attendu la banqueroute du sieur Michel, dans laquelle je me trouve enveloppé, et ayant perdu les hypothèques que M. d’Auneuil m’avait données, il est dans l’absolue nécessité de presser le paiement que me doit M. d’Auneuil.

  1. Voltaire feignait, d’ignorer cette querelle, car il en parle dans la lettre 1232.
  2. Édition Courtat.