Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/482

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1306. — À M. DE MAUPERTUIS.
Bruxelles, 29 juin.

M. S’Gravesande, mon cher monsieur, voudrait bien savoir s’il est vrai que vous avez reconnu une assez grande erreur dans la détermination des hauteurs du pôle qui ont servi de fondement aux calculs de la méridienne de MM. de Cassini. Vous me feriez un sensible plaisir si vous vouliez m’envoyer sur cela un petit détail, tant pour mon instruction que pour satisfaire la curiosité de M. S’Gravesande.

Il court des nouvelles bien tristes du Pérou ; il vaudrait mieux que les mines du Potose fussent perdues que d’avoir seulement la crainte de perdre des gens[1] qui ont été chercher la vérité dans le pays de l’or. Je ne crois pas qu’on ait besoin d’eux pour savoir comment la terre est faite ; mais ils ont grand besoin de revenir.

Est-il vrai que les Mémoires de M. Duguay[2] sont rédigés par vous ? Paraissent-ils ? C’était un homme comme vous, unique en son genre. Mon genre à moi est d’être le très-humble serviteur du vôtre, et de vous être attaché pour jamais.


1307. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
(Bruxelles), juin[3].

Sire,

Hier vinrent, pour mon bonheur,
Deux bons tonneaux de Germanie :
L’un contient du vin de Hongrie ;
L’autre est la panse rebondie
De monsieur votre ambassadeur.

Si les rois sont les images des dieux, et les ambassadeurs les images des rois, il s’ensuit, sire, par le quatrième théorème de Wolff, que les dieux sont joufflus, et ont une physionomie très

  1. Godin, Bouguer, et La Condamine, partis pour le Pérou en mai 1735, n’étaient pas encore de retour, et le vice-roi de Lima les retenait dans la capitale du Pérou pour qu’ils y donnassent des leçons de mathématiques. La Condamine rentra en France en 1745, et Godin ne put sortir de Lima qu’en 1751. Voyez la lettre du 7 janvier 1745, à La Condamine. (Cl.)
  2. Les Mémoires de Duguay-Trouin paraissaient alors, avec une continuation, non de Maupertuis, son compatriote, mais de Godard de Beauchamps, 1 vol. in-4o.
  3. Réponse à la lettre 1299.