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balancez pas à imprimer l’italien à côté du français. Vous devez avoir commencé déjà. Vous devez trouver à la Haye les armes[1] · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · qui veut bien protéger cet ouvrage, et auquel vous devez faire tenir deux douzaines d’exemplaires. Au reste, je vous manderai à qui il faudra les adresser en droiture ; ce sera, je crois, à son ; · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · et ce ne sera pas un mauvais service que je vous aurai rendu, si vous pouvez, par cette occasion, fournir la bibliothèque de. · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Voltaire.

1299. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Charlottenbourg, 24 juin[2].

Mon cher ami, celui qui vous rendra cette lettre de ma part est l’homme de ma dernière épître[3]. Il vous rendra du vin de Hongrie, à la place de vos vers immortels[4] ; et ma mauvaise prose, au lieu de votre admirable philosophie. Je suis accablé et surchargé d’affaires ; mais, dès que j’aurai quelques moments de loisir, vous recevrez de moi les mêmes tributs que par le passé, et aux mêmes conditions. Je suis à la veille d’un enterrement, d’une augmentation, de beaucoup de voyages, et de soins auxquels mon devoir m’engage. Je vous demande excuse si ma lettre et celle que vous avez reçue, il y a trois semaines, se ressentent de quelque pesanteur ; ce grand travail finira, et alors mon esprit pourra reprendre son élasticité naturelle.

Vous, le seul dieu qui m’inspirez,
Voltaire, en peu vous me verrez,
Libre de soins, d’inquiétudes,
Chanter vos vers et mes plaisirs ;
Mais, pour combler tous mes désirs.
Venez charmer nos solitudes.

C’est en tremblant que ma muse me dicte ce dernier vers, et je sais trop que l’amitié doit céder à l’amour.

  1. Sans doute celles du roi de Prusse, qui, selon ce que Voltaire semblait dire alors à Van Duren, encourageait la publication de l’Anti-Machiavel, sans paraître en être l’auteur. (Cl.)
  2. Le 21 juin 1740. (Œuvres posthumes.) — Cette date-ci est évidemment la vraie, car l’enterrement du roi défunt, dont il est parlé dans la lettre, eut lieu le 22 à Potsdam.
  3. Par ces mots ma dernière épître, Frédéric désigne son Discours sur la Fausseté, dont nous avons déjà parlé (note de la lettre 1284), et qui est terminé par ce vers :
    Allez, voyez Camas, vous direz le contraire.
    Voyez, sur Camas, la note 2 de la page 449.
  4. Voyez, tome VIII, l’ode au roi de Prusse sur son avènement ; et tome X, l’épître sur le même sujet.