Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour son usage, et que quelques membres de l’Académie des sciences se sont chargés de rendre publique, pour l’honneur de son sexe et pour celui de la France.

Vous avez lu sans doute la comédie des Dehors trompeurs[1]. Quel dommage ! il y a des scènes charmantes et des morceaux frappés de main de maître. Pourquoi cela n’est-il pas plus étoffé, et pourquoi les derniers actes sont-ils si languissants !

· · · · · · · · · · · · · · · Amphora cœpit
Institui ; currente rota, cur urceus exit ?

( Hor., de Art. poet., v. 21.)

Il en est à peu près de même de la pièce[2] de Gresset, et, qui pis est, c’est une déclamation vide d’intérêt. Mon Dieu ! pourquoi me parlez-vous de la tragédie, soi-disant de Coligny[3] ? Il semble que vous ayez soupçonné qu’elle est de moi. Le du Sauzet, libraire de Hollande, et par conséquent doublement fripon, a eu l’insolence absurde de la débiter sous mon nom : mais, Dieu merci, le piège est grossier, et, fùt-il plus fin, vous n’y seriez pas pris. Cette pitoyable rapsodie est d’un bon enfant nommé d’Arnaud, qui s’est avisé de vouloir mettre le second chant de la Henriade en tragédie[4]. Heureusement pour lui, sa personne et sa pièce sont assez inconnues.

Adieu, mon cher ami ; mon cœur et mon esprit sont à vous pour jamais. Mme du Châtelet vous fait mille compliments.


1268. — À M. BERGER.
Le 26 avril.

Si vous êtes curieux d’avoir Pandore, elle est avec sa boite chez l’abbé Moussinot, qui doit vous la remettre. Ce sera à vous à faire que de cette boîte il ne sorte pas des sifflets.

Zulime est quelque chose de si commun au théâtre qu’il faut bien que Pandore soit quelque chose de neuf. Mme d’Aiguillon[5],

  1. De Boissy.
  2. Édouard III.
  3. Coligny, ou la Saint-Barthélémy (en trois actes et en vers), 1740. in-8o. Du Sauzet ayant donné cette pièce comme étant de Voltaire, il parut une Critique de la tragédie de Coligny, ou la Saint-Barthélémy, par M. de V***, Bruxelles, 1740, in-8o, où Voltaire est très-maltraité. (B.)
  4. Depuis la mort de Voltaire on a publié le Siège de Paris et les vers de la Henriade de Voltaire distribués en une tragédie en cinq actes, terminée par le couronnement de Henri IV, 1780. in-8o de 40 pagres ; l’auteur est M. Bohaire-Dutheil. (B.)
  5. À qui sont adressées les lettres 388, 389 et 410.