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1210. — À M. DE CIDEVILLE.
À Paris, ce jeudi 15 octobre.

Mon cher Cideville, voici un jeune homme qui fait des vers, et qui veut en déclamer. Ce serait, je crois, une bonne acquisition pour la troupe de La Noue. Voyez si vous pouvez le recommander ; je souhaite qu’il serve, cet hiver, à vos plaisirs. En vous remerciant de celui que vous me fîtes hier.

Il faudra, mon cher ami, pour voir bien à votre aise la divine Émilie, que vous fassiez un souper chez moi avec elle et Mme d’Argental. J’arrangerai cette partie aujourd’hui, sans préjudice du plaisir de vous mener chez elle auparavant, et de dîner ensemble, avec cet opéra que j’ai tant d’impatience de voir.

Si vous voulez passer demain chez moi, à midi, nous irons ensemble chez Mme du Châtelet ; elle loge à l’hôtel Richelieu. Si elle était chez elle, vous y eussiez soupe le jour même de votre arrivée. En vérité, si Paris a besoin de bonne compagnie, vous devez y rester. Est-il possible que vous viviez ailleurs, et toujours loin de moi !

Bonjour, ami charmant. V.


1211. — À M. L’ENVOYÉ DE…[1].
À Paris, le 18 octobre.

J’avais pour, monsieur, qu’il n’entrât trop d’amour-propre dans le plaisir que m’a fait la traduction italienne de la Henriade de M. Nenci ; mais puisque vous en êtes content, je ne dois plus douter du jugement que j’en ai porté, et je n’ai qu’à remercier l’auteur qui m’a embelli. Je compte avoir l’honneur de vous faire ma cour dès que j’aurai un peu de santé. Vous connaissez mon tendre et respectueux attachement pour vous.


1212. — À FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
De Paris, le 18 octobre.

Monseigneur, je renvoie à Votre Altesse royale le plus grand monument de vos bontés et de ma gloire[2]. Je n’ai de véritable gloire que du jour que vous m’avez protégé, et vous y avez mis

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. La Préface de la Henriade, par Frédéric ; voyez cette pièce dans le tome VIII.